Où est Charlie ?

Avez-vous remarqué ? Depuis une dizaine de jours, les plus éminents économistes opposent le monde de la finance à l’économie réelle ! C’est précisément dans ce monde irréel que voudrait vous faire entrer la Commission européenne, notamment son très pugnace commissaire en charge du marché intérieur, l’Irlandais Charlie McCreevy, apôtre de l’ouverture du capital. A propos, il est où celui-là depuis quinze jours ? Les eurodéputés le cherchent partout. Tirant les leçons de la crise financière, ils réclament une régulation immédiate des « hedge funds » et du capital-investissement. Même les députés libéraux en arrivent à vouloir surveiller les fonds spéculatifs. Jusqu’à un Britannique (!) qui les juge hors de contrôle. Notre cher McCreevy s’est juste réveillé pour répondre que ces fonds n’étaient pour rien dans la crise actuelle, qu’il était inutile de les réglementer, d’autant que l’économie aurait besoin d’investissements massifs dans les prochains mois.

C’est vrai, les banques traditionnelles ne prêtent plus. Certains pharmaciens candidats au rachat en ont d’ailleurs fait l’expérience ces jours-ci, avec des blocages d’emprunts inattendus. Heureusement, Charlie veille sur les pharmacies. Des banques rechignent à irriguer le secteur ? Il y aura toujours des investisseurs pour le faire… si Charlie réussit à ouvrir le capital. Et puis, si des chaînes de pharmacies cotées en Bourse voient leur valeur s’effondrer dans dix ans lors de la prochaine crise de l’économie irréelle, il y aura toujours la solution de la nationalisation pour sauver la mise. Tout baigne.