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OTC Grand écart à la campagne

Publié le 29 mai 2010
Par Magali Clausener
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Une enquête de Familles Rurales révèle des tarifs de médication officinale très disparate dans les pharmacies rurales. Il n’en fallait pas plus au mouvement pour s’interroger sur la fixation des prix.

Le prix d’un même médicament peut varier de un à trois d’une pharmacie à une autre. Tel est le résultat de la première enquête de l’Observatoire des prix des médicaments, créé en janvier 2010 par le mouvement Familles Rurales, qui regroupe 3 000 associations locales, soit 180 000 familles adhérentes. Des « veilleurs » de Familles Rurales ont relevé 658 prix de 11 médicaments d’automédication et de 2 références non médicamenteuses dans 76 pharmacies de 36 départements ruraux (voir tableau 1). Les écarts de prix les plus importants concernent le lait infantile Gallia (13,87 €), la crème Activir (6,61 €), l’émulsion Biafinact (4,31 €), le sérum Physiologica (4,30 €), le lavage ophtalmique Dacryum (3,69 €) et l’antiacide Maalox (3,61 €). « Ces écarts de prix ne sont pas constatés d’un département à l’autre. Dans chaque pharmacie, on relève des prix faibles, des prix médians et des prix élevés, mais pour des médicaments différents selon les officines », souligne Thierry Damien, président de Familles Rurales. De plus, l’enquête montre que ces médicaments, qui peuvent être vendus en libre accès, se trouvent très souvent derrière le comptoir. C’est forcément moins vrai pour les deux seuls produits qui ne sont pas des médicaments. Dans respectivement 64,71 % et 56 % des cas, Gallia et Physiologica sont situés devant le comptoir.

Moins chers en libre accès

Les prix des médicaments présentés en libre accès sont généralement moins élevés. Le prix de Nurofen en libre accès s’élève à 2,84 €, contre 2,95 € derrière le comptoir, et 3,28 € lorsqu’il n’est pas visible (voir tableau 2). Les trois médicaments les plus rarement en libre accès sont moins chers lorsqu’ils sont vendus derrière le comptoir, à l’exception de Biafineact, qui est meilleur marché lorsqu’il est « non visible ». « Il faut encourager les pharmacies à proposer des médicaments en libre accès. Leurs prix sont, en effet, plus bas. Il ne s’agit pas d’avoir plus de médicaments en libre accès qu’à l’heure actuelle, mais plus d’officines avec un espace en libre accès », souligne Thierry Damien. En outre, l’étude montre que les consommateurs ont une « parfaite lisibilité sur le prix », lorsque le médicament est vendu en libre accès. Car les prix sont affichés soit sur le présentoir, soit sur la boîte, soit sur les deux. Familles Rurales souhaite d’ailleurs, lorsque les médicaments ne sont pas en libre accès, que « le pharmacien propose plusieurs produits afin que le consommateur puisse choisir celui qui correspond à son besoin et à son budget ». Le mouvement voudrait également qu’un ticket de caisse soit délivré pour l’achat de médicaments d’automédication.

Des questions sur la fixation des prix

Pour autant, Thierry Damien s’interroge : « Les écarts de prix importants constatés nous incitent à nous demander de quelle manière les prix des médicaments sont fixés. Qu’en est-il de la chaîne de valeur ajoutée, depuis le laboratoire pharmaceutique jusqu’à l’officine en passant par les répartiteurs et les groupements ? Il n’est pas question de stigmatiser une pharmacie plutôt qu’une autre. Nous sommes particulièrement attachés aux pharmacies rurales et au rôle de conseil des pharmaciens, mais cette enquête montre qu’il doit y avoir une vraie réflexion sur certaines politiques commerciales. » L’USPO estime que ce genre d’enquêtes est toujours biaisé. « Lorsque les prix sont lissés dans les pharmacies, on nous accuse de ne pas être concurrents. Lorsqu’ils sont différents, on nous accuse encore », commente Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO. La FSPF, dans un communiqué du 21 mai, demande aux pouvoirs publics que « soit défini un système de corridors de prix pour chaque catégorie de produits […]. Cette forme d’administration partielle des prix aurait l’insigne avantage de donner une visibilité sur les prix pour le patient, quelle que soit la stratégie […] des laboratoires pharmaceutiques […] ». Quant à Claude Japhet, président de l’UNPF, il conseille tout simplement de raisonner sur la molécule et non sur la marque. Ce qui revient, pour le patient, à « demander la molécule la moins chère dans une famille donnée ». Quoi qu’il en soit, Familles Rurales effectuera une nouvelle enquête en juin. « Notre volonté est de faire un relevé tous les six mois afin d’observer l’évolution des écarts de prix », conclut Thierry Damien.

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