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« On the road again ! »

Publié le 3 juillet 2010
Par Francois Pouzaud
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Le contexte grippal de la fin d’année a porté la croissance du marché officinal. Du coup, avec une progression de 0,7 % du CA, le bilan est plutôt positif, si l’on tient compte des lourdes contraintes qui pèsent sur le secteur pharmaceutique et de la crise financière qui a influencé les comportements et choix des consommateurs.

Avec + 1,2 % en unités, + 0,7 % en chiffre d’affaires, finalement 2009, supposée l’année de tous les dangers, n’aura pas été catastrophique pour le marché du médicament remboursable, qui représente un chiffre d’affaires de 27,4 milliards d’euros correspondant à 2,63 milliards d’unités délivrées. La performance de 2009 est surtout meilleure que celle de 2008 où le marché du remboursable s’était effondré en volume (– 4,9 % en unités, – 1,1 % en chiffre d’affaires). Et la pharmacie est l’un des rares secteurs industriels à avoir connu une année 2009 plus faste que 2008.

En matière de maîtrise médicalisée des dépenses de santé, le gouvernement n’a pas desserré l’étreinte sur les prescriptions des médecins libéraux. La progression des ventes de médicaments remboursables sur ordonnance est en retrait par rapport à celle des ventes de médicaments remboursables achetés sans prescription, à la fois en unités (respectivement + 1,1 % contre + 3,2 %) et en valeur (+ 0,7 % contre + 3,0 %).

Cette relative embellie se retrouve également dans les évolutions 2009 du marché global en pharmacie. Les ventes, tous produits confondus, se sont élevées à 3,5 milliards d’unités (+ 0,7 %) pour un chiffre d’affaires réalisé de 35 milliards d’euros (+ 0,7 %). Ce regain de croissance concerne le marché de l’AMM (+ 0,5 % à 30 milliards d’euros versus – 0,3 % en 2008) comme du sans-AMM (+ 2,5 % à 5 milliards d’euros versus + 1,9 % en 2008), dont l’importance se confirme (14,5 % de parts de marché en 2009 contre 14,3 % en 2008).

A l’intérieur du marché de l’AMM, les médicaments de prescription obligatoire sont en très légère hausse (+ 0,3 %), alors que les produits de prescription médicale facultative (PMF) marquent une croissance plus affirmée de 1,1 % (5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires). L’automédication (produits de PMF non prescrits) occupe aujourd’hui plus du tiers des ventes sur ce dernier segment. Elle totalise 1,9 milliard d’euros, soit 425 millions d’unités vendues, et continue à évoluer à + 0,6 % par rapport à une année 2008 déjà forte à + 2,7 %.

Ces données communiquées par IMS Health sur le médicament remboursable n’intègrent pas les chiffres du marché hospitalier (environ 20 % du marché total), qui s’établissent pour l’année écoulée à hauteur de + 4/5 %, légèrement en repli par rapport aux fortes croissances des années passées. Cela signifie pour l’ensemble du marché pharmaceutique de ville et d’hôpital, remboursable et non remboursable, une croissance que l’on qualifiera – par les temps qui courent – de « raisonnable », comprise entre + 1,7 % et + 1,9 %. Certes, loin des croissances d’antan, mais globalement conforme aux prévisions.

La grippe, toujours la grippe

« Ces résultats sont en grande partie imputables en fin d’année aux pathologies hivernales classiques et à la grippe A », explique Pascal Voisin, directeur du pôle consommation santé à IMS Health. L’effet combiné de ces deux événements a entraîné une forte croissance des consultations médicales et des ventes officinales : novembre a été remarquable avec une hausse des consultations de 6,3 %, une croissance totale de 3,4 % en chiffre d’affaires et de 6,2 % en unités.

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En ce qui concerne la grippe A(H1N1), le pic épidémique a été atteint en semaines 48 et 49 (du 23 novembre au 6 décembre) et, si l’incidence reste au-dessus du seuil épidémique, elle s’est plutôt ralentie sur la fin décembre. Le dernier mois de l’année a donc été moins brillant (+ 0,6 % en chiffre d’affaires et – 1,6 % en unités), l’effet d’accordéon tenant au décalage temporel du pic épidermique de la pathologie hivernale qui a été plus précoce en 2009 qu’en 2008. Notre pays a toutefois enregistré plus de 400 000 cas durant la dernière semaine de décembre et, depuis août 2009, ce sont plus de 6 millions de cas qui ont été dénombrés. « 20 % de la croissance du marché est due au Tamiflu », indique Pascal Voisin.

Le début de l’année 2010 est plus poussif, avec un marché de ville un peu moins dynamique et un marché hospitalier un peu plus vif.

L’hôpital capte la croissance

Le médicament remboursable contribue à hauteur de 1,1 point à la croissance de 3,7 % des dépenses de soins de ville prises en charge par l’assurance maladie en 2009. Les prescriptions hospitalières, y compris la rétrocession, expliquent près de deux tiers de cette croissance. Les dépenses de médicaments prescrites en hôpital et remboursées par la Caisse nationale d’assurance maladie augmentent de + 7,4 % contre + 1,9 % pour les prescriptions des généralistes et + 1,0 % pour les prescriptions des spécialistes. Ce phénomène renvoie à la nature des pathologies traitées par ces différentes catégories de prescripteurs.

Les baisses de prix observées dans l’industrie pharmaceutique (– 2,1 %) contribuent à la modération des dépenses concernant la prescription de médicaments, mais l’on observe également un ralentissement des volumes par rapport à la tendance passée. Il faut entendre ici par volume non seulement le nombre de boîtes, mais aussi la déformation de la structure des médicaments vers des médicaments plus chers. La tendance s’affirme : les prescriptions se portent moins sur des médicaments récents et plus chers, qui sont aussi moins nombreux du fait du tarissement de l’innovation.

Alors que le marché constatait couramment des évolutions annuelles de l’ordre de 7 % par an entre 2001 et 2003, la croissance du volume est plus modérée de 4,9 % en 2009 (source : CNAM). Malgré cela, les médicaments restent le poste de dépenses de soins de ville le plus lourd pour l’assurance maladie, avec 18,2 milliards d’euros en 2009.

Les CAPI déroulent, les ASMR se raréfient

Le 3e volet (« prescriptions médicamenteuses ») des CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles) contribue à la baisse des unités prescrites. Validant récemment le dispositif anglais, la Cour de justice de l’Union européenne considère que les Etats membres ont le droit de mettre en place des contrats d’incitation financière à la prescription de génériques. Elle donne clairement son feu vert au CAPI français. « Le Conseil d’Etat dispose de la marge de manœuvre pour annuler les CAPI mais il y a aussi une volonté politique forte de les maintenir », précise Olivier Smalewood, avocat au cabinet Landwell & associés. De ce 3e volet sont tirées les nécessaires marges financières à dégager pour le financement des actions coûteuses de prévention et d’amélioration du suivi médical des pathologies chroniques prévues dans les deux premiers volets du contrat désormais signé par 14 000 médecins généralistes.

Sur 109 avis rendus par la Commission de la transparence concernant de nouveaux médicaments ou des extensions d’indications en vue d’une inscription au remboursement, 91 % ont un niveau de SMR suffisant mais 65 % n’apportent aucune ASMR. La sévérité dont fait preuve la HAS dans ses cotations est fustigée par les laboratoires. Mais face au déficit abyssal de l’assurance maladie, comment peut-il en être autrement ?

Evoquant la création d’un nouveau taux de remboursement à 15 % par un décret du 5 janvier 2010, Olivier Smalewood rappelle que le SMR est l’unité de régulation du prix et que de ce fait, les collèges d’experts qui jugent un SMR doivent être les plus qualifiés possible. « Il faut réformer le dispositif de recrutement des experts et mettre en place des critères qualitatifs qui soient plus clairement définis », plaide-t-il.

Vers une croissance dans les pays émergents

Avec une croissance mondiale attendue de 4 à 6 % en 2010, le marché pharmaceutique devrait atteindre 837 milliards de dollars en 2010. Près de 142 milliards de dollars de ventes de médicaments seront touchés par des expirations de brevet dans les 5 prochaines années, réduisant les ventes de 80 à 100 milliards de dollars. A l’échéance 2014, il devrait atteindre 1 100 milliards de dollars. La croissance attendue dans les pays émergents (entre 14 et 17 %) devrait compenser les pertes de brevets sur les médicaments vedettes en 2011 et 2012. Selon IMS Health, la croissance du marché pharmaceutique sera comprise entre 5 et 8 % sur les 5 prochaines années apportant 300 milliards par rapport à 2009, et ne sera plus dépendante de 5 marchés des pays développés où la croissance ne devrait être que de 3 à 6 %.

+ 0,7 %

En 2009, le médicament remboursable a représenté un chiffre d’affaires de 27,4 milliards d’euros (+ 0,7 % par rapport à 2008), correspondant à 2,63 milliards d’unités délivrées (+ 1,2 %).

(SOURCE IMS HEALTH.)

Palmarès des ventes mondiales en 2009

Lipitor/Tahor (atorvastatine) occupe la première place du classement mondial avec un chiffre d’affaires de 13,5 milliards de dollars. En deuxième position, Plavix (clopidogrel) a réalisé des ventes de 9,5 milliards de dollars. Advair/Seretide (fluticasone propionate et salmétérol) arrive en troisième position avec un chiffre d’affaires de 7,8 milliards de dollars. Enbrel (étanercept) occupe la quatrième place avec un chiffre d’affaires de 6,45 milliards de dollars. En cinquième place, Diovan/Co Diovan (valsartan + hydrochlorothiazide) a réalisé, lui, 5,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

TOP-10 EN UNITES

1 Doliprane 1 000 mg, cp sécables (8)

2 Efferalgan 1 g, cp eff. (8)

3 Dafalgan 500 mg, gél. (16)

4 Doliprane 500 mg, cp (16)

5 Dafalgan 1 g, cp (8)

6 Doliprane 1 000 mg, cp eff. (8)

7 Efferalgan 500, cp eff. (16)

8 Ixprim, cp (20)

9 Kardégic 75 mg, sach. (30)

10 Eludril bain de bouche

TOP-10 EN CA

1 Plavix 75 mg, cp (30)

2 Seretide Diskus 500/50 (60 doses)

3 Lucentis 10 mg/1 ml, sol. inj. opht, (flac. de 3 ml)

4 Enbrel 50 mg, sol. inj. SC (coffret 4 de seringues préremplies)

5 Inexium 40 mg, cp (28)

6 Inexium 20 mg, cp (28)

7 Glivec 400 mg, cp (30)

8 Pyostacine 500 mg, cp (16)

9 Humira 40 mg, inj SC (2 seringues préremplies de 0,8 ml)

10 Symbicort Turbuhaler 400/12 microgrammes (60 doses)