Observatoire de l’économie : accords et désaccords avec l’Assurance maladie

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Observatoire de l’économie : accords et désaccords avec l’Assurance maladie

Publié le 4 juillet 2023
Par Yves Rivoal et Anne-Hélène Collin
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Les syndicats représentatifs des pharmaciens d’officine et la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) se sont retrouvés mercredi 28 juin pour échanger dans le cadre de l’Observatoire de l’économie officinale instauré par la convention nationale pharmaceutique. Avec des batailles de chiffres dans un contexte d’inflation.

« Cette réunion intervenait à la veille de la présentation du rapport  » Charges et produits  » que l’Assurance maladie remet chaque année au Gouvernement et au Parlement, et dans lequel elle formule des propositions d’évolution des charges et des produits au titre de l’année suivante, ainsi que des pistes d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins, dans le respect du cadrage financier pluriannuel des dépenses d’Assurance maladie, rappellent Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et Pierre-Olivier Variot, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dans un communiqué commun du 29 juin.

« A l’issue de cette réunion, il est apparu que nous étions d’accord sur certains points, mais pas sur tout, confie Philippe Besset. Nous étions par exemple en phase sur la baisse de 28 % de la rémunération des pharmaciens en 2022 par rapport à 2021. Baisse qui est bien évidement liée à la disparition des activités liées au Covid-19. L’Assurance maladie a toutefois mis en avant le fait que le chiffre d’affaires (CA) des pharmacies n’avait pas diminué en 2022. Nous leur avons rappelé que ce maintien du CA était alimenté par l’explosion des produits chers, sur lesquels notre marge est très faible. Un point que l’Assurance maladie a d’ailleurs reconnu. »

En revanche, la FSPF et l’USPO se sont fendues d’un communiqué commun pour contester le chiffrage de la marge brute de dispensation au premier quadrimestre 2023. « L’estimation de la Cnam nous semble surévaluée, à 3,6 points, alors que les données Iqvia font état d’une baisse de 0,1 %, précise Pierre-Olivier Variot, pour qui le mois de janvier est « très, très fort » en raison des infections grippe-Covid-VRS chez l’enfant et l’augmentation des délivrances de médicaments chers. Nous allons donc demander à l’Assurance maladie des explications afin de comprendre le pourquoi de cette différence. » « Cet écart important représente au total 70 M€ de notre rémunération. Il n’est donc pas question de démarrer les nouvelles négociations tant que nous n’aurons pas éclairci ce point », ajoute Philippe Besset.

Le tout dans un contexte d’inflation galopante. « L’inflation pour la pharmacie est 2,2 fois plus importante que l’inflation générale entre 2019 et 2022, fait valoir Pierre-Olivier Variot. On a démontré que l’inflation générale était de 10,18 % durant cette période et dans le même temps, pour la pharmacie, elle est de 22,3 %. Cette surinflation de la pharmacie est liée à plusieurs choses, mais en grande majorité à l’inflation sur les charges sociales. Et ce n’est pas dû au point, qui suit l’évolution du Smic, à peu de chose près. Mais on arrive à plus de 12 % d’augmentation des charges salariales en pharmacie, due à certains professionnels payés au-delà de l’augmentation et à des contrats faits pour pallier le manque de mains quand il fallait assurer pendant la crise Covid. Ces charges-là sont importantes, mais dans le même temps, on a aussi des coûts de structure important car certains pharmaciens ont dû faire des investissements, en particulier informatiques pour passer le cap du Ségur du numérique. Il y a aussi eu d’autres investissements, notamment des aménagements sur les tests. »

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