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Numerus : la bataille des chiffres
Va-t-on manquer de pharmaciens ? Pour répondre à cette question, l’Ordre avait invité à Pharmagora le doyen Yvon Berland, auteur du rapport sur la démographie des professions de santé remis à Jean-François Mattei en décembre. Pour lui, « en l’absence de projections à partir de modèles mathématiques prouvés, comme cela a été fait chez les médecins, il n’y a pas actuellement d’éléments objectifs permettant d’augmenter [le] numerus clausus ». Mais la bataille de chiffres a déjà commencé sur le nombre de pharmaciens en exercice : 62 054 selon la DREES (fichiers Adeli), 66 694 selon l’Ordre, près de 70 000 selon la conférence des doyens, qui considère qu’environ 5 000 pharmaciens industriels ne sont pas inscrits à l’Ordre, de même qu’un millier dans le biomédical et 1 500 dans l’enseignement.
L’Ordre et l’Université mettent tous deux en cause les chiffres de la DREES : « On connaît le grand niveau de délabrement des fichiers Adeli, à rapprocher des problèmes actuels pour obtenir des cartes CPS », souligne Jean-Luc Audhoui, trésorier de l’Ordre. Et de rappeler les besoins en pharmaciens actuellement non satisfaits : 1 477 pour l’officine, 652 pour l’hôpital. Considérant les besoins des pharmacies à usage intérieur (PUI) qui se multiplient, Jean-François Robert, président de la conférence des doyens, évoque lui un déficit de 3 500 pharmaciens. D’ici dix ans et les vagues de départs en retraite, ce déficit promet d’être astronomique prévient l’Ordre.
Mais Yvon Berland est resté inébranlable : « Tant qu’on n’aura pas d’observatoire fiable, on assistera à une bataille de chiffres. Faites-vous aider par la DREES pour en monter un et créez des modèles mathématiques qui prennent autre chose que les départs en retraite comme critères, à commencer par l’évolution de la population. » En attendant, il propose à la profession de réfléchir à de nouveaux métiers à temps de formation plus court, « permettant d’accompagner les pharmaciens, comme les cardiologues qui préconisent de former des professionnels à faire des échocardiographies qui leur font perdre beaucoup de temps. Car il faudrait attendre 2035 ou 2040 pour résoudre le problème uniquement en jouant sur des chiffres, sauf à faire venir des pharmaciens étrangers ».
De plus, comme le fait remarquer Jean-François Robert, si, depuis longtemps, le ministère de l’Education nationale paraissait d’accord avec une augmentation du numerus clausus et celui de la Santé plutôt réticent, on constate exactement l’inverse depuis un an… Les pharmaciens semblent donc loin d’être entendus !
Entendu
» Le tropisme « sudophile » de la pharmacie est aussi le reflet d’un niveau de prescriptions plus important. «
Yvon Berland
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