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Numerus clausus : objectif 3 000
L’Ordre tire enfin la sonnette d’alarme : à l’appui d’une étude publiée le 30 mai, il confirme la nécessité de revoir rapidement le numerus clausus pour mettre fin à la crise de l’emploi. Une réaction qui vient un peu tard pour l’UNPF. Le syndicat avait pronostiqué cette mesure depuis… 1995.
L’ordre des pharmaciens a soigneusement choisi les ingrédients pour mijoter son enquête démographique. Comme l’explique Jean Parrot, président du Conseil national : « Nous avons pris le nombre de pharmaciens en exercice, calculé les départs à la retraite en prenant comme base 65 ans, puis croisé ces chiffres avec le numerus clausus fixé à 2 250. » Résultat : « Il y a un risque que les sorties professionnelles excèdent le numerus clausus en 2010. Il faut prévoir une augmentation du numerus clausus dès 2003 en comptant qu’il faut six à sept ans pour former un étudiant au métier d’officinal. »
La pénurie de pharmaciens se fait déjà sentir. En faisant la tournée des régions – toutes n’ont pas répondu -, l’Ordre a recensé un manque de 1 477 pharmaciens adjoints (soit 6,5 % de l’ensemble des assistants travaillant en officine). En Bourgogne, ce déficit a atteint 7 % en 2000, la Haute-Normandie a battu des records avec une envolée à 12,6 %. « Faute de salariés, certains pharmaciens ne peuvent plus satisfaire aux quotas d’assistants fixés en fonction du chiffre d’affaires », a souligné Jean Parrot.
En vingt ans pourtant, les inscriptions au tableau de l’Ordre ont progressé de 58,8 % toutes sections confondues. Les titulaires ont connu une croissance de 29,4 %, mais la plus forte concerne sans conteste les adjoints avec une pointe à 126,9 %.
La pénurie n’affecte pas que l’officine. Selon une étude de la conférence des doyens, le secteur hospitalier requiert un effectif supplémentaire de 652 pharmaciens. « Comment confier des responsabilités supplémentaires aux pharmaciens hospitaliers (stérilisation, dispositifs médicaux, matériovigilance, gestion des médicaments en ATU…) sans que leur nombre soit renforcé ? », interroge Jean Parrot.
3 000 : un nombre vraiment suffisant ?
Côté université, l’inquiétude monte. « 70 % du corps enseignant va partir en retraite en 2012-2013, souligne Jean-François Robert, président de la conférence des doyens. Les études sont longues : il faut compter dix ans au minimum pour devenir attaché de recherche temporaire. Pour qu’il y ait plus de doctorants, il faut plus d’étudiants dans la filière pharmacie, rappelle le doyen, qui soulève un autre pan épineux du problème : « Aujourd’hui, 30 % des maîtres de conférences sont déjà des non-pharmaciens. Il faut faire en sorte de remplacer les enseignants actuels par des pharmaciens, une nécessité avec la mise en place d’une réforme pédagogique des études. »
Le choix s’est donc porté sur un numerus clausus à 3 000 pour une période de cinq ans. Le nombre a été calculé à partir d’estimations de croissance de l’activité pharmaceutique : avec une croissance de 0 %, le numerus clausus lissé sur onze ans de 2003 à 2013 devrait s’établir à 2925 ; avec une croissance de 1,5 %, il devrait être de 3 925 ; avec une croissance de 2,5 % (la plus probable selon Jean Parrot) le numerus clausus lissé nécessaire monterait à 4 442. L’Ordre a tranché à 3 000.
« 3000, c’est insuffisant », objecte le président de l’UNPF. « On s’y prend un peu tard alors que nous avions prévu ce risque déjà en 1995. A l’époque, on nous prenait pour des fous ! », se souvient Claude Japhet, qui a fait du relèvement du numerus clausus un de ses chevaux de bataille. Une demande qu’il compte bien renouveler à l’occasion de sa rencontre avec Jean-François Mattéi, le ministre de la Santé, lundi prochain.
Revaloriser la filière officine pour séduire les jeunes
Et ensuite ? « Il faut attirer plus de lycéens pour venir faire des études de pharmacie. Changer l’image des professions de santé est une réflexion que nous avons à mener avec les pouvoirs publics, soutient Jean Parrot. Il faut arrêter de dire que nous coûtons cher, de nous désigner comme des éléments négatifs. » Il faudra également revaloriser la filière officine. Jean-François Robert s’en fait l’écho, soulignant que « les deux facultés parisiennes ont plus inscrit d’étudiants en industrie qu’en officine depuis deux ans ».
Dernier point sensible : l’évolution de carrière. « Nous allons étudier la pyramide des âges des titulaires et des adjoints pour vérifier si, avec l’avancée en âge, il y a bien un passage de la fonction d’adjoint à celle de titulaire », précise Jean Parrot. Encore faut-il pouvoir acheter. Les jeunes pharmaciens en auront-ils les moyens lorsque nombre d’officines deviendront vacantes pour cause de départs à la retraite ? Rien n’est moins sûr, et le problème pourrait bien alors devenir aussi financier pour les titulaires qui voudront vendre, avec le risque de voir la valeur de leurs fonds baisser, faute d’acquéreurs.
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