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Négociations des pharmaciens avec l’Assurance maladie : un premier échange positif mais…
La première séance de négociation entre les syndicats de pharmaciens et l’Assurance maladie pour l’avenant dit « économique » a eu lieu ce matin du 19 décembre 2023. Si elle s’est avérée positive, elle a aussi révélé un premier point de désaccord sur les chiffres de l’économie officinale. Une certitude cependant, les syndicats ont du travail sur la planche. Et, plus qu’un simple avenant, le résultat final pourrait bien ressembler à une nouvelle convention.
La première séance d’échanges entre la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et l’Assurance maladie s’est déroulée ce 19 décembre, de 10h à 12h30. En fait, il s’agissait plutôt d’une présentation des orientations de la négociation et d’un état des lieux. Les syndicats et l’Assurance maladie ne sont pas encore rentrés dans le vif du sujet.
145 millions de plus ?
Car les points à aborder, définis par la lettre de cadrage du ministre de la Santé et de la prévention, sont nombreux entre les nouvelles missions, le bon usage du médicament, le maillage territorial, la fraude… « Ce que nous faisons aujourd’hui ressemble à une nouvelle convention plus qu’à un avenant », a ainsi déclaré Philippe Besset, président de la FSPF, au directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) Thomas Fatôme, et répété lors du point presse qui a suivi la réunion. Et d’ajouter très vite : « Nous ne sommes pas d’accord avec les chiffres donnés par l’Assurance maladie, nous les contestons et il va falloir que nous ayons une séance de réconciliation de ces chiffre-là ». De fait, l’Assurance maladie estime que la marge réglementée a augmenté de + 7 % entre 2023 et 2022, soit 145 millions d’euros de plus pour le réseau officinal, alors que les syndicats indiquent que pour eux, il n’y a pas de croissance. « L’Assurance maladie chiffre une augmentation de 145 millions d’euros de la rémunération de la dispensation des médicaments et nous, nous sommes à 7 millions d’euros », a précisé Philippe Besset. Les syndicats vont ainsi faire appel à Iqvia et un expert-comptable pour « faire converger » les chiffres, dixit Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
Revaloriser le cœur de métier
Le président de la FSPF a également « réaffirmé » auprès de Thomas Fatôme que la « volonté [des syndicats, NdlR] est d’aboutir à l’ensemble des points que le ministre a mis sur la table, mais nous venons chercher une revalorisation des honoraires de dispensation. C’est notre point essentiel dans cette négociation ». « Il faut revaloriser notre cœur de métier pour permettre la prise en charge des patients, la mise en œuvre des nouvelles missions, répondre aux besoins de la population en termes de maillage et aussi empêcher une financiarisation. Ce sont tous les enjeux de cette négociation », a abondé Pierre-Olivier Variot. Tout en rappelant les « lignes rouges » à ne pas dépasser : pas de baisse de la marge sur les médicaments chers et revalorisation des honoraires de dispensation. Celle-ci est en effet nécessaire pour rattraper l’inflation. « Mais il y a aussi une incompréhension de l’Assurance maladie sur ce point, car elle estime qu’elle n’a pas à compenser la totalité de l’inflation. Si on ne fait pas ça, la profession va en pâtir », a souligné le président de l’USPO.
Attachement au réseau officinal
De son côté, Thomas Fatôme a souligné auprès de la presse « l’attachement de l’Assurance maladie au réseau officinal, aux missions qu’il remplit, à son maillage territorial et à son mode de gestion », à savoir « des pharmacies possédées par les pharmaciens y compris dans le contexte de financiarisation dont on parle beaucoup ». Le directeur général de la Cnam a aussi indiqué aux syndicats « le souhait que l’Assurance maladie voulait continuer à construire autour des politiques de bon usage du médicament, de santé publique, de lutte contre la fraude, de transition écologique et du numérique en santé ».
Des réunions hebdomadaires
Cette première séance a permis d’établir un programme de réunions de travail au nombre de 7 entre le 11 janvier et le 29 février 2024 avec pour chacune un thème précis : dépistage des angines et cystites ; accompagnements des patients (dont arrêt du tabac) ; enjeux écologiques ; évolution de la structure de la rémunération ; fraude ; territoires fragiles : pertinence de la délivrance.
Les deux syndicats vont travailler ensemble et prévoient d’ailleurs une réunion entre eux chaque semaine.
La prochaine réunion multilatérale (autrement dit, une séance de discussion en plénière) aura lieu le 5 mars 2024. « Je ne me fixe pas de deadline ni pour les pharmaciens ni pour les médecins. C’est le meilleur moyen de rater une négociation », a indiqué Thomas Fatôme. « Cette première séance s’est déroulée dans une ambiance positive », a relevé Philippe Besset. « Mais on sait que cela va être dur », a remarqué Pierre-Olivier Variot.
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