Négociations avec la Cnam : à peine 10 % des montants demandés obtenus, la grève des pharmaciens est inéluctable

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Négociations avec la Cnam : à peine 10 % des montants demandés obtenus, la grève des pharmaciens est inéluctable

Publié le 14 mai 2024
Par Christelle Pangrazzi
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A l’issue des propositions faites par la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) lors de la deuxième plénière des négociations, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) estime la grève inéluctable. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se prononcera quant à elle le 16 mai prochain.

L’importance de la réunion le justifiait, les échanges ont été nombreux entre les syndicats et la Cnam pour la préparer. Tout ça pour ça… Le résultat est décevant. La Cnam a proposé 179 millions pour 2025. L’USPO et la FSPF réclamaient 1 milliard d’euros avec un début en 2024 ! « La messe est dite. Nous ne pouvons pas accepter une telle proposition. Il n’y aura pas de signature à l’avenant économique de la Convention », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO à l’issue de l’échange.

Des propositions jugées très décevantes

  • La Cnam a certes proposé une revalorisation des honoraires de dispensation de 5 centimes par ordonnance, mais le montant reste très loin des exigences des syndicats. « Sur les 600 millions d’ordonnances annuelles, nous arrivons à 30 millions d’euros. Le compte n’y est pas », note Pierre-Olivier Variot.
  • Autre sujet de colère : les biosimilaires. « A ce stade, la Cnam souhaite flécher les bénéfices générés par ces médicaments à d’autres professionnels de santé. C’est incompréhensible. D’autant que la revalorisation globale prévue pour les médecins est, elle, de 1,6 milliard d’euros », poursuit Pierre-Olivier Variot.
  • Enfin, l’autorité régulatrice a proposé une revalorisation des tests rapides d’orientation diagnostique angine et cystite de 10 euros contre 9 euros proposés il y a quelques semaines.  Cette revalorisation concernerait les tests réalisés dans le cadre d’une ordonnance conditionnelle ou dans le cadre d’un résultat négatif. En revanche, sans ordonnance conditionnelle et en cas de « prescription» pharmaceutique, le montant de la mission s’élèverait à 15 euros. « Cela aurait pu être intéressant, à condition d’obtenir 15 euros pour l’ensemble des schémas », s’agace le président de l’USPO.

Une mobilisation pendant les Jeux olympiques

Au regard de ces propositions, Pierre-Olivier Variot appelle d’ores-et-déjà l’ensemble des pharmaciens à la grève des gardes du 18 au 20 mai inclus et, bien sûr, à la grève générale le 30 mai prochain. « 74 % des pharmaciens d’officine ont des problèmes de trésorerie, ces propositions ne résoudront rien. Les pharmacies sont de plus en plus nombreuses à fermer. Nous travaillons avec des équipes. Nous souhaitons, au regard de leurs compétences, de l’investissement et du travail effectué les payer décemment », poursuit Pierre-Olivier Variot. A ce stade Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France a, lui aussi, fait part de sa deception : « Les éléments de la proposition de la Cnam sont ceux que nous demandions mais les niveaux sont trop faibles et ne rentrent pas dans le cadre de mon mandat de négociation », synthétise le président qui doit attendre l’imprematur de son conseil d’administration le 15 mai pour se prononcer officiellement.

Dans un troisième temps, l’USPO n’écarte pas l’idée d’une mobilisation pendant les Jeux olympiques. « Jusqu’à présent, nous avons été les bons petits soldats répondant toujours présents même dans les situations les plus périlleuses comme le Covid-19. Les pharmacies sont en train de perdre 60 millions d’euros de marge et, aujourd’hui, on nous tourne le dos », soulignent les membres de l’USPO.

Le syndicat a aussi décidé de manifester publiquement son désaccord avec la politique de santé menée par le gouvernement, notamment concernant les pénuries de médicament et la dérégulation des officines prévue par le projet de loi Ferracci. « Les sujets de tension sont aujourd’hui nombreux. Trop nombreux », conclut Pierre-Olivier Variot.

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La Cnam devrait formuler une troisième proposition chiffrée d’ici 3 semaines. Sans illusion toutefois d’atteindre le milliard d’euros réclamé…