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Nécessité fait loi

Publié le 2 mars 2024
Par Laurent Lefort
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Attendue depuis des mois, repoussée à plusieurs reprises malgré un contexte de pénuries de médicaments persistantes, la nouvelle feuille de route 2024-2027 pour « garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle » a été présentée le 21 février et peut se résumer en un mot : « enfin ». On aurait préféré que le terme le plus approprié soit « miracle », mais on n’y croit plus. Quoique. Il y a tout de même un petit miracle qui se profile, celui, pour les pharmaciens, de se voir confier la possibilité de substituer un médicament en rupture contre un autre, équivalent en matière de bénéfices/risques. Une substitution au-delà du vieux couple princeps-générique, donc. Une autorisation qui permettra de border le travail des équipes officinales qui, en recherche de solution pour rendre service aux patients, sont conduites à pratiquer déjà ce type de délivrance. Mais, pour l’instant, sans aucun filet. Qu’il nous soit permis d’enjoindre la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de ne pas attendre des semaines et des semaines et de ne pas s’épuiser en d’interminables pondérations pour établir une liste d’équivalences. Laquelle ne concernera pas seulement une poignée de principes actifs et n’oubliera pas non plus d’apporter une solution à l’autre problématique qu’est celle des formes galéniques. Que l’Assurance maladie soit également informée dès la sortie de cette liste afin qu’elle ne tique pas à rembourser, par exemple, la dispensation de deux collyres dont la formule ne comporterait qu’un principe actif quand le médicament prescrit et en rupture renferme, lui, les deux. Si cette avancée de bon sens réussit à se concrétiser, après avoir tenu bon face à l’adversité, on pourra peut-être envisager de faire enfin contre mauvaise fortune bon cœur.

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