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Myriam Cerda
Préparatrice à Cabannes (Bouches-du-Rhône), Myriam Cerda tombe la blouse blanche pour défiler en Arlésienne lors des fêtes locales du 15 août et de Saint-Eloi. •
Métamorphose. La soie de la robe ample crisse légèrement quand elle se déplace. Le port de tête est altier. Les gestes posés, lents. Myriam, l’hyperactive, habite son costume d’Arlésienne. Depuis trois ans, la préparatrice défile plusieurs fois par an au bras d’un ami charretier, autre adepte des traditions provençales. « Je n’ai pas la sensation de me déguiser, d’ailleurs, je n’ai jamais aimé me déguiser. Je m’habille et perpétue une tradition », dit-elle. Sa vie a changé un 15 août 2003, jour de Carreto Ramado à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône).
Myriam tient parole. Suite à un pari avec une amie, elle s’engage à se faire arlésienne. Elle déniche une tenue grâce à sa cousine qui va la chapeauter. Son mari, représentant commercial en produits agricoles, lui trouve parmi ses clients son charretier, celui qui lui donnera la main lors du défilé. De l’autre, il tiendra le licol de son cheval de trait. C’est le grand plongeon dans la culture du terroir. Ce 15 Août, une cinquantaine de chevaux, parés de tissus et pompons aux couleurs jaune et rouge de la Provence, traversent Saint-Rémy au pas, tirant une charrette remplie de tomates, aubergines et autres courgettes. « J’ai ressenti une grande émotion à défiler et je me suis prise au jeu. Gilbert, le charretier, m’a sollicitée pour les fêtes des environs. Annie, ma cousine, a continué à me prêter des costumes jusqu’au à cette fête des Mères,où mon mari m’a offert un bon : « La tenue d’Arlésienne de ton choix », avait-il écrit. »Car on ne s’improvise pas Arlésienne. Il faut le fameux ruban, pièce maîtresse à fixer sur les cheveux. Un bout de tissu, onéreux (quelque 300 e), tissé de 4 500 fils, 50 cm de long, 10 cm de large. De sa couleur dépend celle du costume. Myriam l’a choisie moutarde et bordeaux pour aller avec sa jupe de soie sauvage. « La soie a des reflets différents selon la lumière…, précise-t-elle. Ma robe est marron à l’ombre, moutarde au soleil… » En haut, elle porte une casaque marron cintrée à la taille et un plastron, sur ses épaules un fichu de dentelles plissé couleur crème. « Pour me faire coiffer et m’habiller, je me lève à six heures du matin, c’est un véritable engagement mais cela me procure le même plaisir qu’un semi-marathon ! »
A l’écoute. Car Myriam a plus d’un costume dans son sac. Longtemps, elle s’est adonnée à la course à pied pour faire le Marseille-Cassis et, trois matins par semaine, elle s’entraînait, avant le travail, sur les chemins des Alpilles. Elle le reconnaît, elle est plutôt hyperactive. « Une furieuse qui fait tout vite et bien », dit Christine, une amie. Pourtant, sa bonne humeur et son dynamisme trébuchent il y a deux ans à cause d’un cancer de la thyroïde, traité. Elle a changé, plus à l’écoute d’elle-même. Désormais, elle court une demi-heure par semaine, juste pour le plaisir, et fait les choses qu’elle reportait à demain. Le jeudi, elle le consacre à la poterie et s’engage enfin auprès de l’Ordre de Malte. Une fois par mois, elle fait le tour d’une dizaine de pharmacies alentour pour récupérer les médicaments non utilisés et les ramener au centre de tri d’Avignon. « J’ai toujours eu envie de donner un sens humanitaire à ma vie. Cela s’est fait naturellement parce que je connaissais une bénévole. » L’envie de partager encore : depuis septembre, elle parraine l’année scolaire de Huong Chuang, une petite vietnamienne de 8 ans.
Appréciée pour sa disponibilité. Au travail, aussi, son regard s’est affiné. « Je comprends bien mieux les gens malades. » Pourtant, le sens du contact, la disponibilité semblent toujours avoir été sa marque de fabrique. Chargée à l’officine de l’activité du maintien à domicile, elle accompagne le prestataire pour les installations. « Ma présence rassure les familles et permet une bonne mise en route des soins et des traitements. » Myriam n’a peur de rien quand il s’agit d’être un professionnel de santé. Un jour, elle est sollicitée par une cliente dont la voisine est sur le point d’accoucher. . Résultat : elle a assisté la mise au monde d’un bébé de 4 kg. Pourtant, le métier de préparatrice, c’est un peu un choix par défaut… À 17 ans, elle a laissé tomber la voie de la comptabilité car elle ne se voyait pas assise derrière un bureau, puis a été rebutée par les horaires de la restauration. « J’ai fait tout mon apprentissage dans le Vaucluse, à Bédarrides, mon village natal, puis j’ai suivi mon mari et nous nous sommes installés à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône. » Elle effectue de nombreux remplacements, une expérience très enrichissante et formatrice, avant d’occuper un poste fixe à la Pharmacie Colombani de Cabannes, pour s’occuper de Florian et Cédric. Des fils, 21 et 19 ans aujourd’hui, qui soutiennent leur maman. Ils assistent aux défilés des Arlésiennes les dimanches en pays d’Arles.
Portrait chinois Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? L’olivier, parce qu’il représente la Provence.
Si vous étiez une forme galénique ? Un patch de morphine. Dans mon métier, on soulage la douleur autant en écoutant le patient qu’en lui délivrant un médicament.
Si vous étiez un médicament ? Un antalgique de niveau 3, de la morphine.
Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Le trio « lit médicalisé, perfuseur et pied à sérum » qui symbolise la prise en charge complète du malade, l’ensemble de sa vie. Si j’ai la vision globale d’une personne et si j’arrive à la comprendre en saisissant les travers de sa personnalité, je peux mieux l’entendre. Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre le cancer. C’est un véritable fléau. Il y en a trop…
Si vous étiez une partie du corps ? L’oreille, pour écouter. J’aime écouter les gens pour mieux les aider. Et aussi par curiosité !
Myriam Cerda
Âge : 45 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Cabannes (Bouches-du-Rhône).
Ce qui la motive : les traditions et les clients de son officine (surtout les plus âgés).
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