Monopole pharmaceutique : va-t-il être remis en question ?

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Monopole pharmaceutique : va-t-il être remis en question ?

Publié le 4 décembre 2023
Par Magali Clausener
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Le député Marc Ferracci (Renaissance) travaille sur la dérèglementation des professions réglementées. Les pharmaciens sont dans le viseur. Un sujet qui inquiète fortement l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). A tel point que son président envisage une grève si le projet du député devait se concrétiser en proposition de loi.

Décidemment les pharmaciens sont à la peine. Alors qu’ils doivent faire face aux ruptures de médicaments, à l’érosion de l’économie officinale, à une longue attente pour l’ouverture des négociations avec l’Assurance maladie, Marc Ferracci, député des Français de Suisse et du Liechtenstein, et vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, a décidé de s’attaquer aux professions réglementées dont les pharmaciens. C’est ce qu’a expliqué Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, lors de son point presse du 1er décembre 2023.

Marc Ferracci a en effet commencé à travailler pour « documenter les barrières ou les freins posés par des dispositions d’ordre législatif ou réglementaire dans l’accès à un certain nombre de professions », selon Contexte (article du 3 novembre). Selon ce média, dans le domaine de la santé, le député souhaite s’appuyer sur un avis de 2019 de l’Autorité de la concurrence sur les laboratoires de biologie, « voire mener une réflexion sur les conditions d’installation des pharmaciens ». Il devrait rendre un « diagnostic » début 2024 qui pourrait conduire à une proposition de loi au printemps.

Mise en cause du monopole

L’USPO a demandé au député un rendez-vous mais le député a répondu qu’il fallait attendre ses « conclusions ». Selon le président du syndicat, l’Ordre aurait reçu une réponse semblable à sa propre demande. En revanche, NèreS, l’association qui représente les laboratoires des produits de santé de conseil, serait auditionnée dans les 15 prochains jours. « Si cela débouche sur une loi comme en 2014, cela pourrait entraîner une financiarisation du secteur, une remise en cause du monopole, voire du maillage territorial », estime Pierre-Olivier Variot. Et d’ajouter : « Emmanuel Macron ne serait pas au courant ». Or Marc Ferracci est un ami du président de la République, sa femme ayant été cheffe du cabinet d’Emmanuel Macron alors qu’il était ministre de l’Economie de 2014 à 2017.

De fait, Pierre-Olivier Variot est prêt à mobiliser la profession si le projet du député devait aboutir à une loi. Il envisage même la fermeture des officines lors des Jeux olympiques 2024. S’il n’y a pas, avant cet été, d’autres mouvements de grève.

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