Mobilisation du 21 novembre : une centaine d’étudiants et pharmaciens dans les rues de Marseille

Mobilisation du 21 novembre : une centaine d’étudiants et pharmaciens dans les rues de Marseille

Publié le 22 novembre 2023
Par Annabelle Alix
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Une centaine d’étudiants, titulaires et représentants syndicaux étaient présents à la manifestation du 21 novembre, à Marseille. Eux aussi revendiquaient pour que soit appliquée la réforme du 3e cycle (R3C) et pour l’ouverture urgente de négociations avec le ministère sur la rémunération des officines.

Près de 100 manifestants ont battu le pavé, mardi 21 novembre, devant la faculté de pharmacie de Marseille (Bouches-du-Rhône). En première ligne, l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) a déployé ses banderoles jusque sur la chaussée, scandant des « R3C avortée, patients en danger ! » sous les coups de klaxon approbateurs des automobilistes. « Nous souhaitons une revalorisation du métier, pose simplement Pauline, étudiante en troisième année de pharmacie. La formation et les étudiants doivent être mieux considérés, les compétences doivent être plus complètes et moins théoriques ». D’où les 9 mois de stage – au lieu de 6 – réclamés pour la dernière année d’étude, ainsi que le statut d’universitaire pour les maîtres de stage.

La R3C comme cheval de bataille

« Aujourd’hui, la formation des maîtres de stage n’est pas structurée, regrette Jeanne, étudiante en troisième année. Résultat, nos stages de deuxième année ne sont pas formateurs. Nous passons un mois dans l’officine, mais complètement en retrait du métier… ou dans les cartons ! » Un gâchis, selon l’étudiante qui estime que ce stage précipite ainsi de nombreux candidats potentiels de l’officine vers d’autres filières : industrie, biologie, hôpital… « Le stage de deuxième année dure un mois, il pourrait nous servir à mettre un vrai pied dans le métier », relève l’étudiante. Encore faudrait-il que les maîtres de stage soient formés à la pédagogie, qu’ils puissent dégager du temps pour suivre ces formations, et pour s’occuper de leurs stagiaires. « Dans le cadre universitaire, cette formation existe, et les 600 euros perçus par les maîtres de stage leur donnent un peu de leste », souligne, un peu plus loin, Christophe Guidoni, président du collège des pharmaciens conseillers et maîtres de stage en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), Corse, Réunion.  

Les titulaires réclament une action du ministère

Une poignée de titulaires se sont échappés momentanément de l’officine pour venir unir leurs voix à celles des étudiants. Parmi eux, Gwenaël Brière, titulaire dans les quartiers Nord, se confie sur sa difficulté à recruter des stagiaires : « en plus d’être peu attractive, la zone est mal desservie en transports en commun, explique le pharmacien. La revalorisation de la rémunération et les indemnités prévues par la réforme réduiraient la précarité des étudiants et permettraient à certains d’être véhiculés ».

Quelques pas plus loin, des élus et représentants syndicaux reviennent sur les difficultés financières que rencontre le métier. En cette manifestation du 21 novembre, l’obtention de négociations urgentes avec le ministère s’ajoute aux revendications sur la R3C. « 78 % des pharmacies rencontrent des difficultés de trésorerie », rappelle Thierry Desruelles, trésorier de l’Union régionale des professionnels pharmaciens (URPS) en PACA. « Certes, nous avons reçu une rémunération durant le confinement pour des missions que nous avons effectuées, mais elles ont disparu aujourd’hui, et la trésorerie qu’elle a pu engendrer a fini par se dissiper avec l’inflation, l’augmentation des charges fixes, etc, rapporte Laurence Ripoll-Cassarino, vice-présidente de l’Union des syndicats de pharmaciesn d’officine (USPO) dans les Bouches-du-Rhône. Tous les autres commerces ont augmenté leurs prix pour survivre ! ».

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A cela s’ajoutent les dommages collatéraux liés au contexte actuel. « Les ruptures sur les médicaments, par exemple, nous font perdre 10 à 20 minutes par jour et par salarié, soit 250 à 600 heures par an », estime Patrick Raimond, président de l’USPO dans les Bouches-du-Rhône et élu URPS Paca. « En décembre, si rien ne bouge, nous ferons grève, nous fermerons les officines une journée… Et si le statu quo se poursuit, nous les fermerons toute une semaine », assure le titulaire. La balle est dans le camp du ministère.