Ministre de la Santé : non à la financiarisation des officines, oui aux économies

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Ministre de la Santé : non à la financiarisation des officines, oui aux économies

Publié le 20 mars 2024
Par Magali Clausener
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Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a rencontré Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, et Cédric Arcos, le directeur du cabinet de Frédéric Valletoux, ministre délégué en charge de la Santé et de la Prévention. Deux rendez-vous qui ont permis de faire le point sur la pharmacie. Si le gouvernement n’envisage pas une financiarisation du secteur, il a rappelé que les économies étaient bel et bien à l’ordre du jour. 

Lundi 18 mars 2024, Catherine Vautrin a reçu une délégation de la FSPF. « La ministre est tout de suite rentrée dans le vif du sujet. D’emblée, elle nous a déclaré qu’elle était résolue à lutter contre la financiarisation de la pharmacie. », a relaté Philippe Besset. Bien d’autres sujets ont été abordés comme l’économie de l’officine, les nouvelles missions, les négociations avec l’Assurance maladie.

L’heure est à l’économie

Pour Philippe Besset, « la ministre cherche à protéger la pharmacie et est volontaire pour faire progresser les missions des officinaux. En revanche, elle nous a clairement avoué que l’ambiance générale au niveau de l’Etat est à la recherche d’économies. Tous les ministères, et notamment celui de la Santé, sont soumis à une forte pression de Bercy », a souligné le président de la Fédération. En effet, outre le plan d’économies de 10 milliards d’euros annoncé fin février, le gouvernement envisage un deuxième plan de 20 milliards d’euros d’économies pour 2025 avec, cette fois-ci, des demandes sur le secteur de la santé.

Catherine Vautrin estime que les pharmacies rurales ont un rôle à jouer. Afin de les préserver, elle a suggéré que ces officines prennent en charge les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de leur zone. D’autant que la ministre est, selon Philippe Besset, « inquiète de la surconsommation de médicaments des personnes âgées en particulier dans les Ehpad ». Pour y remédier, Catherine Vautrin a affirmé sa volonté d’avancer sur les bonnes pratiques de préparation des doses à administrer (PDA). Et de son côté, la FSPF s’est engagée à de nouveau travailler sur la PDA ainsi que sur les pharmaciens référents en Ehpad.

Le point sur les décrets et lois annoncés

Des échanges qui se sont poursuivis le lendemain, le 19 mars, avec le directeur du cabinet de Frédéric Valletoux, Cédric Arcos. Celui-ci a expliqué « qu’il comptait beaucoup sur la répartition de la charge de travail en soins primaires, entre les médecins et les pharmaciens ». Il a annoncé qu’un plan de communication grand public devrait être lancé pour rappeler qui fait quoi, après la fin des négociations entre les médecins et l’Assurance maladie.

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Le syndicat en a également profité pour énumérer tous les textes réglementaires en souffrance comme celui sur les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) cystites et angines. « Le décret a été transmis au conseil d’Etat. Mais, ce texte est nécessaire notamment pour les organismes de formation qui veulent préparer les formations », a observé Philippe Besset.

Quant au décret sur les territoires fragiles, il devrait prendre du retard en raison de la proposition de loi (PPL) sur les pharmacies rurales. Si la PPL est adoptée, le décret devra être modifié en conséquence. Les syndicats de pharmaciens sont d’ailleurs auditionnés au Sénat le jeudi 21 mars. Une certitude pour Philippe Besset : « On ne veut pas encore se retrouver avec des dérogations qui sont fondées sur des causes politiques. Cela déséquilibrerait le réseau. La PPL porte sur la création d’officines en milieu rural, mais il faut aussi que ces pharmacies puissent vivre dans le temps ». Le président du syndicat a aussi demandé un rendez-vous avec la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure.

Enfin, la FSPF a porté un dernier message : « On comprend bien que les comptes sociaux sont dans le rouge et qu’il est nécessaire de réaliser des économies, mais il y a une équité à respecter : si on augmente fortement les rémunérations des médecins, ce discours a du mal à résonner. La fameuse expression  » En même temps « , chère au président Emmanuel Macron ne marche pas, car tout le monde est frappé par l’inflation et les baisses de ressources », a conclu Philippe Besset.