Médecins : hold-up sur la vente des produits de contraste

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Médecins : hold-up sur la vente des produits de contraste

Publié le 2 décembre 2022
Par Francois Pouzaud et Laurent Lefort
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A la surprise générale, une mesure de dernière minute s’est invitée dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, suite aux négociations plus que tendues entre les médecins et le gouvernement. « Les médecins radiologues, mais aussi les chirurgiens-dentistes, vont acheter directement les produits de contraste nécessaires à leurs actes, sans avoir à les prescrire et donc sans que les patients se les procurent dans leur pharmacie », annonce Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a aussitôt adressé un courrier au gouvernement pour protester contre cet amendement intégrant une forfaitisation des produits de contraste utilisés en radiologie. « Cette pratique est soi-disant courante en Europe afin de simplifier le parcours de soins », poursuit-il. Mais c’est surtout pour des raisons financières que cet accord a été passé entre le gouvernement et les médecins radiologues. « Ils préfèrent prendre à leur charge l’achat des produits de contraste dont ils ont besoin plutôt que d’avoir à subir une baisse de cotation de leurs actes », explique Philippe Besset. Si cette mesure était confirmée, il demande que les pharmaciens reçoivent une compensation financière à la baisse de rémunération officinale qui en découlera.

En effet, ce dispositif amènerait vraisemblablement les médecins radiologistes à privilégier l’approvisionnement direct auprès des laboratoires pharmaceutiques, en capacité de leur proposer de meilleures conditions commerciales, fait remarquer la FSPF. Selon le syndicat, cette mesure par laquelle les pharmaciens perdent un acte de dispensation se traduira par une évaporation de 290 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le réseau officinal. D’où son interprétation cinglante : « Sur le fond, cette ponction sur le chiffre d’affaires du réseau officinal vient donc financer l’accord trouvé entre les médecins et l’Assurance maladie dans le contecte de négociations tendues de la nouvelle convention médicale. Les pharmaciens paieront donc l’addition de la paix sociale entre les médecins et le gouvernement. »

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