- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- Maillage officinal : pourquoi il est urgent de trouver un autre modèle économique
Maillage officinal : pourquoi il est urgent de trouver un autre modèle économique
Il y aurait désormais moins de 20 000 officines selon les données de Gers Data. Fermetures mais aussi regroupements expliquent la baisse du nombre de pharmacies en métropole. Quoi qu’il en soit, le maillage territorial s’effrite. Et si les pharmaciens doivent jouer un rôle croissant en termes d’accès aux soins et de santé publique, le modèle économique de la pharmacie doit être revu.
19 989 : c’est le nombre d’officines à mi-novembre selon les données du Gers Data. Un chiffre symbolique car sous la barre des 20 000 pharmacies en métropole. Une baisse due à des fermetures mais aussi à des regroupements. « Nous n’avons pas les moyens d’avoir des données sur le nombre de fermetures et de regroupements, car nos informations sont issues des grossistes-répartiteurs qui comptabilisent les points de vente actifs », explique David Syr, directeur exécutif de Cegedim Pharma. Une certitude cependant : les procédures collectives s’accélèrent aussi. Selon Interfimo, on en compte 84 à fin octobre 2023, dont 45 liquidations, 24 redressements et 15 sauvegardes, contre 38 procédures à fin juin 2023. Un doublement en quatre mois seulement. Alors qu’en 2022, toujours selon Interfimo, on recensait 50 procédures collectives (34 liquidations, 10 redressements et 6 sauvegardes). « Ce qui est intéressant c’est de voir le séquençage des fermetures au cours de l’année 2023. Je pense qu’il y a eu une accélération à partir de la fin du 2e trimestre », estime David Syr.
Craquer le modèle économique
D’autant que ces fermetures et regroupements ont non seulement un impact sur le maillage territorial mais aussi sur l’offre pharmaceutique. Elles interviennent par ailleurs dans un contexte complexe mêlant inflation, perte de marge, trésorerie en tension et manque de personnel. Et à une période où les pharmaciens doivent devenir des « animateurs territoriaux et sociétaux de la santé », pour reprendre les termes de David Syr. Ce qui implique que les pharmaciens s’emparent des nouvelles missions et les proposent à leur patientèle. Or, la rémunération actuelle des nouvelles missions (vaccination, réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique…) n’incite pas plus que cela les officinaux à se lancer. « Il faut craquer le modèle économique de l’officine, déclare David Syr. Tout le monde dit que les nouvelles missions représentent une avancée mais on ne sait pas mettre ce nouveau rôle des pharmaciens en adéquation avec le modèle économique de l’officine. » Une équation qu’il va falloir résoudre rapidement. Car le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, compte sur la profession pour faire face à la désertification médicale. « En France, on a une ressource inouïe. On a par exemple 21 000 pharmacies d’officine. Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, les pharmaciens pourront délivrer des antibiotiques pour une angine si elle nécessite des antibiotiques ou pour une cystite », a-t-il expliqué dans C dans l’air, sur France 5, le 28 novembre. Un enjeu pour le Gouvernement. D’autant que les forces vives sur lesquelles il compte sont finalement moins nombreuses que ce qu’il croit.
- Enquête de l’Anepf : la vie des étudiants en pharmacie, pas si rose
- Économie officinale : faut-il ressortir les gilets jaunes et les peindre en vert ?
- Prescription des analogues du GLP-1 : les médecins appellent au boycott du dispositif imposé
- Bon usage du médicament : doit-on oublier la dispensation adaptée ?
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine