Maillage officinal : 51 pharmacies d’Auvergne-Rhône-Alpes en situation de fragilité

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Maillage officinal : 51 pharmacies d’Auvergne-Rhône-Alpes en situation de fragilité

Publié le 3 avril 2024
Par Magali Clausener
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Le 3 avril 2024, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et le député Yannick Neuder (Isère, LR) ont tiré la sonnette d’alarme sur les « pharmacies en danger » et les conséquences sur la population qu’entrainerait leur disparition. Ils proposent plusieurs solutions dont une revalorisation des honoraires et la publication du décret « Territoires fragiles ».

« On parle des déserts médicaux, mais il faudrait anticiper les déserts pharmaceutiques, car une fois qu’une officine a disparu d’un village, il est très difficile de recréer quelque chose », a déclaré Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens AuRA. « Un territoire sans officine, c’est un territoire condamné à ne pas avoir d’ébauche d’offre de soins », a insisté le député Yannick Neuder. Le maillage officinal est en effet en danger. Outre, le nombre de fermetures de pharmacies qui s’accélère, de plus en plus d’officines sont fragilisées.

500 pharmacies essentielles

La cartographie réalisée par l’URPS sur la répartition des pharmacies régionales en AuRA est parlante. Plusieurs critères ont présidé à l’identification des « pharmacies essentielles » : l’officine doit être seule dans une commune présentant une faible présence médicale, elle doit également être située à plus de dix minutes d’une autre officine, être gérée par un seul titulaire et afficher un chiffre d’affaires inférieur à 1,3 million d’euros. 81 pharmacies essentielles réparties dans 12 départements de la région ont ainsi été recensées. Une seconde phase a consisté à envoyer un questionnaire aux titulaires puis à les appeler pour recueillir d’autres informations comme l’âge du pharmacien, son envie de céder sa pharmacie, le nombre de collaborateurs, etc. Au final,  51 pharmacies ont été identifiées comme  « fragiles »  dans 4 départements : Savoie, Cantal, Haute-Loire et Puy-de-Dôme.

Si ces officines essentielles devaient fermer, 70 000 personnes supplémentaires se retrouveraient à plus de 10 minutes d’une pharmacie, ce qui représenterait un impact pour 4,5 % de la population totale de la région.

« En extrapolant à la France entière, sachant que la région Auvergne-Rhône-Alpes est représentative des autres régions, cela ferait environ 500 pharmacies potentiellement en danger », a souligné Olivier Rozaire.

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Attractivité et économie

Comment alors éviter leur disparition ? La première proposition n’est pas nouvelle et consiste à revaloriser l’attractivité des métiers et des études pharmaceutiques. « Nous manquons de professionnels de santé. Or, il s’agit du premier levier pour ne pas avoir de déserts médicaux, a rappelé le député. Le second levier consiste à remettre l’église au milieu du village : lorsqu’on veut faire médecine ou pharmacie, le message pour la jeunesse c’est ne pas s’inscrire à la fac de droit avec une mineure santé mais de s’inscrire en fac de santé. » La deuxième grande proposition est de « trouver une issue aux négociations conventionnelles en cours, en particulier sur les revalorisations d’honoraires ». Avancer sur le décret « Territoires fragiles » afin de pouvoir identifier les zones de fragilité et débloquer des aides financières fait partie des solutions proposées par l’URPS et la FSPF. Pour l’heure, ce décret est toujours en attente de publication après une première concertation. Autre proposition importante : l’extension du dispositif France Ruralités Revitalisation voté dans la loi de financement de sécurité sociale pour 2024 qui permettrait de mettre en œuvre des mesures fiscales dans la cadre d’une reprise d’officine. L’URPS et la FSPF demandent aussi l’arrêt des économies sur les produits de santé qui affectent les officines et les patients, ainsi que l’anticipation d’un projet de loi concernant la vente de médicaments en ligne afin d’encadrer les ventes et éviter la surconsommation de médicaments.