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L’officine loin des coeurs présidentiels

Publié le 7 avril 2007
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La FSPF avait organisé à Paris une convention le 27 mars pour jauger les principaux candidats à la présidentielle. 800 pharmaciens avaient répondu présent. Et sont repartis avec leurs incertitudes.

Les pharmaciens ont un « sentiment d’inquiétude sur les fondamentaux », avait lancé Pierre Leportier, président de la FSPF, lors de la conférence de presse qui avait ouvert la convention. Sur ces fondamentaux (propriété, monopole, quorum), tous les partis (UDF, FN, UMP, PS, dans l’ordre d’apparition) ont promis, craché juré, de défendre la profession, à commencer par le dossier européen. On n’en attendait pas moins d’eux à un mois du premier tour.

UDF.

Jean-Jacques Jégou, sénateur UDF du Val-de-Marne, s’est attiré l’ire du public en suggérant, concernant l’ouverture du capital, que l’on se batte pour que le pharmacien reste (seulement) majoritaire dans le capital. Un plan B en cas de condamnation de la France ? Etant opposé à l’entrée des répartiteurs dans le capital, il se montra en contradiction avec son collègue député UDF Jean-Luc Préel qui avait évoqué cette idée, la veille à Pharmagora, comme un moindre mal (par rapport à d’autres investisseurs) si jamais le capital devait finalement s’ouvrir. Sur le reste, le représentant de l’UDF avait plutôt bien ficelé son intervention, avec de multiples promesses dont celle de revaloriser la MDL et les marges arrière, et une position ferme contre l’accès direct au médicament en officine. Il a aussi suggéré de faire des économies dans « le gras, à l’hôpital ».

UMP.

Hormis encenser son candidat, Jean-Pierre Raffarin n’a rien dit (ou presque) sur la pharmacie, sujet de la journée… Jean-Pierre Door, député du Loiret et médecin, s’y est collé. Et s’est fait copieusement chahuter après s’être félicité des résultats du gouvernement sur la maîtrise médicalisée et le déficit de l’assurance maladie, avoir souligné la surconsommation de médicaments dans notre pays, évoqué Vitale 2 comme arme contre la fraude (huées…) et évoqué le poids croissant des lourdeurs administratives… chez les médecins ! Quant à l’automédication, elle doit « pouvoir se développer uniquement lorsqu’il existe un conseil pharmaceutique […] dans les pharmacies d’officine », aura-t-il complété sur la suggestion de la salle énervée. Plus positif, Jean-Pierre Door note qu’il faudra rémunérer l’acte de conseil du « pivot des soins de proximité » qu’est le pharmacien. Et de conclure : « Xavier Bertrand a été un bon ministre de la Santé. »

PS.

Pascal Terrasse, spécialiste des questions de santé au PS et envoyé de Ségolène Royal, aura finalement été le plus convaincant au vu des réactions des pharmaciens présents pendant et après la convention, dubitatifs cependant sur le financement du programme. « Il faudra aller chercher des formes de rémunération au-delà de celles qui sont les vôtres pour tenir compte de la prévention de la lutte contre l’iatrogénie […], réformer le mode de rémunération tout en conservant la marge commerciale comme base », a-t-il déclaré à l’intention du public. Pour lui, l’automédication ne doit pas être un prétexte pour ne plus rembourser certaines molécules.

Le PS évoque un ONDAM de + 3,5 % par an au minimum pour répondre aux besoins. Et quid de la volonté des socialistes de favoriser l’hôpital ? « La pire des choses serait d’opposer les secteurs entre eux », répond Pascal Terrasse, qui se demande par ailleurs pourquoi l’hôpital public est en déficit alors que la Générale de santé fait des profits croissants et astronomiques.

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Une profession mobilisée

Finalement, aucun parti n’aura paru franchement convaincant concernant l’officine. Mais la profession a montré sa capacité à se mobiliser et à réagir. Les principaux candidats son prévenus que ces derniers entendent… se faire entendre.

Populaire pharmacien

La FSPF a assis son argumentaire vis-à-vis des politiques sur une enquête TNS-Sofres auprès des Français concernant l’image des pharmaciens. Les résultats se passent de commentaires :

93 % leur font totale confiance.

69 % les considèrent comme des professionnels de santé à qui l’on demande conseil.

83 % pensent qu’ils ont un rôle accru à jouer en matière d’information dans le cadre des campagnes nationales.

76 % sont pour des déplacements du pharmacien à domicile afin de servir les personnes dépendantes.

55 % ont le sentiment que le système de soins s’est plutôt détérioré ces dernières années et autant sont pessimistes sur l’avenir de notre système de santé.

80 % trouvent positive la généralisation des génériques.

30 % jugent que la consommation excessive de médicaments est la raison majeure du déficit de l’assurance maladie.