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Les yeux de la mer
Fraîchement diplômé, Alexandre Kantorski nage entre deux eaux, le comptoir et la photographie sous-marine. Il a même créé son agence de photographe dans le Nord.
Avec son allure de Tintin, Alexandre Kantorski est prêt à toutes les aventures. Sans pantalon de golf mais avec une combinaison de plongée et un appareil photo. Il s’est fait photographe pour conserver ses impressions en surface. Et pour mettre du beurre dans les épinards… Les revenus de son agence de photos (1), créée depuis deux ans, lui permettent seulement – pour l’instant – de couvrir ses frais de voyage. Objectif mer pour ce curieux en perpétuel mouvement…
Son « Grand Bleu » à lui. Alexandre connaît ses premières émotions subaquatiques à 12 ans., en vacances à Cerbère (Pyrénées-Orientales), dans le sillage des palmes de son père, amateur de plongée. Il rencontre « l’indescriptible sensation de détente que procure l’apesanteur ». Dans le Nord, où il vit avec ses parents et son frère aîné, le jeune homme franchit les étapes indispensables de la formation en club. Il est maintenant Nitrox II, nom de code pour un plongeur de niveau 2, maîtrisant les mélanges gazeux des paliers de décompression. Les premières sorties ont lieu près des côtes voisines de Dunkerque ou au lac Bleu, à Roeux (Pas-de-Calais). « J’aime surtout regarder de belles choses aux couleurs invisibles depuis la terre ferme. » Il savoure le calme et le respect envers la nature : « Un plongeur ne touche à rien et ne se pose nulle part au fond pour ne pas endommager le milieu naturel. » Et envers son coéquipier : « Chacun est responsable de la sécurité de l’autre. » Depuis trois ans, il est responsable du matériel du club de plongée, le Lille Université Club (LUC), qui doit respecter des normes de sécurité. « J’aime le côté technique et le maniement des données scientifiques, comme les calculs liés à la profondeur. La responsabilité me motive, sans elle une activité m’ennuie rapidement. »
Les dents de la vie. Après un bac S et une première année de médecine infructueuse, Alexandre est toujours intéressé par le médical et le contact. Il sera préparateur. Depuis l’obtention de son diplôme, en juin dernier, il navigue au gré de ses remplacements entre le Nord et la banlieue parisienne. Une façon de faire ses armes avec un meilleur salaire. En décembre, Alexandre s’est posé quelques semaines dans la station alpine des Menuires. « Pour le ski et la belle vie à côté du travail », commente le préparateur dans un rire franc. Avant d’ajouter, plus sérieusement : « En fait, je suis venu me former au conseil. On en fait beaucoup ici. J’aime ce métier. » Il avoue, presque gêné, s’intéresser « aux gens ». Ce blondinet au ton moqueur adore faire plaisir, inviter ses amis au resto, puis glisser une réflexion pimentée, histoire de relancer l’ambiance. « J’aime mener les gens en bateau, provoquer. Je suis un clown amuseur et fêtard. » Cet hiver sera donc partagé entre le comptoir, les pistes de ski, les sorties… et son planning de plongeur-photographe à organiser. Dans les profondeurs, il emporte son matériel de photographe protégé par un caisson en carbone. Ses modèles se parent alors d’écailles, de carapace ou de plancton…
L’art de faire poser un poisson. « J’ai eu mon premier appareil photo à ma communion solennelle. Je mitraillais tout et n’importe quoi. Je voulais capturer l’instant. » Alexandre se perfectionne sur le Net, apprend le cadrage et autres techniques de pose. Famille, amis, paysages, il entasse les photos. Toujours à la recherche de sensations nouvelles, il embarque en 2007 avec ses palmes un « petit jetable aquatique pour voir ce que ça donnerait sous l’eau ». Au fil des ans, il investit dans du matériel de plus en plus sophistiqué. Il possède un Nikon D 300, « un Reflex numérique à visée directe, qui permet de voir ce que l’on obtiendra en réel », un caisson en carbone, un objectif grand angle dit fisheye (« œil de poisson ») et un objectif macro pour photographier ce qui est petit. « Je dois remonter à l’air libre pour changer d’objectif. » D’où l’intérêt de choisir le préalable artistique : portrait de poisson ou vue d’ensemble ! « Faire poser » un poisson est un défi technique. Maîtrise de soi, contrôle des gestes, patience, il doit s’adapter à la perte de lumière, qui varie selon la profondeur, utiliser des flashs spéciaux pour « casser le bleu ». Alexandre possède un flash express aquatique et un flash « terrestre », qui s’utilise aussi sous l’eau grâce à un caisson et des hublots spécifiques. Pas de couleur surajoutée, de défaut gommé. « Ce que je recherche, c’est transmettre par la photo l’émotion ressentie en plongée. »
Captures et factures. À la fin d’octobre 2010, il a participé au Challenge de Marseille, dans le cadre du Festival mondial de l’image sous-marine. « La réglementation est stricte : un thème, cinq photos, la carte mémoire remise au jury en sortant de l’eau. » Pas de prix, mais il a été classé au Salon de Pau en 2009, « pour une photo de nudibranche, un mollusque de 5 mm photographié en Espagne ». Les côtes de Crête, d’Égypte, de Croatie, de Turquie, ou encore le Mexique ou la Caraïbe, la route des vacances passe toujours par un site de plongée. Chaque océan, chaque mer a ses particularités, ses couleurs. Alexandre se laisse guider par les rencontres sous-marines. Sauf au Mexique : « Je suis parti avec l’objectif de photographier le requin-baleine. » Même pas peur ? « Ce poisson de 15 mètres de longueur est inoffensif, il mange du plancton et des crevettes, ajoute en rigolant Alexandre. J’ai vendu 500 dollars une photo de ce requin à un magazine américain. » Particuliers ou entreprises, le photographe monnaie ses clichés : « Une agence de voyage m’a proposé un reportage en Indonésie pour leur catalogue. » Il a créé AK Studio pour facturer ses réalisations. Pour se faire connaître, il prospecte le soir les agences de voyage et autres revues. Il a aussi créé Agence Studio 59, une structure pour sous-traiter ses créations, comme les flyers publicitaires. Agences immobilières, restaurants, leurs supports de communication sont un autre moyen de renouveler sa curiosité, mais son objectif reste la photo sous-marine. Et la reconquête d’une sirène rencontrée en Égypte… Le ton se fait moins désinvolte. Une histoire d’amour l’a fait chavirer.
(1) AK Studio, 38, rue de la distillerie, 59246 Mons-en-Pévèle. Tél. : 0688617242. www.akstudio.Fr et www.agence-studio59.fr.
Portrait chinois
• Si vous étiez un végétal ? La menthe poivrée pour faire des cocktails, c’est mon côté « culture de la fête ».
• Une forme galénique ? Un suppo effervescent, c’est une vieille blague de potache qui me rappelle des souvenirs.
• Un médicament ? Pour garder mon calme. Surtout devant les représentants à la pharmacie ! Je suis impulsif, je m’emballe facilement. Un médicament contre les pulsions serait utile.
• Un dispositif médical ? Un GoGirl, petit dispositif en plastique pour que les filles urinent debout. Ce côté « objet fou » me plaît.
• Un vaccin ? Contre la gueule de bois en semaine. Encore mon côté fêtard qui ressort !
• Une partie du corps ?
Les mains parce que le toucher peut remplacer les autres sens, et c’est indispensable pour mes passions, la photo et la cuisine.
Alexandre Kantorski
Âge : 23 ans.
Formation : BP préparateur en pharmacie.
Lieu d’exercice : le Nord.
Ce qui le motive : le plaisir.
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