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Les violences au comptoir en chiffres

Publié le 10 juin 2023
Par Magali Clausener et Yves Rivoal
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En 2022, 366 agressions ont été déclarées sur le formulaire de l’instance ordinale, qui a publié le 5 juin son bilan annuel sur la sécurité des pharmaciens. Si nous sommes loin des quelque 600 agressions ou presque signalées en 2020 au plus fort de la crise sanitaire, les violences ont néanmoins augmenté de 17 % par rapport à 2019.

 

Chaque jour, en moyenne, l’année dernière, un pharmacien a déclaré avoir subi une agression. Soit, au total, 366 agressions rapportées (verbales, physiques ou vols), dont 14 en outre-mer. C’est le constat du bilan 2022 sur la sécurité des pharmaciens publié ce 5 juin, dressé à partir des actes de violence signalés à l’Ordre. Incomparable avec la période Covid-19 (environ 600 agressions déclarées en 2020), ce chiffre révèle toutefois une hausse de 17 % par rapport à 2019.

Refus de dispensation

 

Ce sont les titulaires qui les subissent avant tout : 83,4 % (adjoints : 15,8 % ; préparateurs : 0,8 %). Des injures, menaces, agressions physiques, dont plus de 8 % étaient encore en lien avec le Covid-19 (port du masque, vaccination, tests antigéniques). Dans 20 déclarations, une agression physique a été rapportée et dans environ 5,4 % des cas, l’auteur détenait une arme blanche ou à feu. Trois menaces de mort (directement ou par courrier) ont également visé les officinaux.

 

Les agressions sont principalement liées à un refus de dispensation (70 % des déclarations), mais aussi à des difficultés de prise en charge, au temps d’attente, aux pénuries de médicaments, à la vaccination.

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A noter qu’un tiers d’entre elles concernent des vols (104), d’argent en majorité, de médicaments, de produits de parapharmacie. Enfin, à 13 occasions, les situations ont conduit à des arrêts de travail pouvant aller jusqu’à 15 jours d’interruption temporaire de travail (ITT).

Dans les petites villes

 

En 2022, ce sont les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France et Pays de la Loire qui ont été le plus touchées. Et les villes petites et moyennes ne sont pas épargnées. Au contraire : près d’un tiers des agressions (114) ont eu lieu dans des villes de 5 001 à 30 000 habitants ; 17,2 % dans certaines comportant 2 000 à 5 000 habitants et 15,2 % dans des localités de moins de 2 000 habitants. Finalement, « seulement » 19,2 % de ces événements se sont déroulés dans des villes de 100 001 habitants et plus. 40 officines ont subi des violences alors qu’elles étaient de garde, le chiffre le plus élevé depuis cinq ans.

Porter plainte

 

Mais tous ces chiffres sont sous-estimés, les pharmaciens ne déclarant pas forcément les agressions à l’Ordre. Et seulement 35 % des pharmaciens ont porté plainte en 2022 – même si 20 % de plus en avaient l’intention – contre 44 % en 2021. Ce constat inquiète Alain Marcillac, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et référent national sécurité. « Plus que jamais, dans le contexte que nous connaissons, j’appelle nos confrères à ne rien laisser passer, à déclarer chaque agression dont ils sont victimes et à déposer plainte », souligne-t-il. D’ailleurs, l’instance s’est portée partie civile dans cinq affaires d’agression afin de soutenir les pharmaciens qui en étaient victimes. Au 5 mai 2023, 2 affaires avaient été jugées, 2 autres sont en cours de jugement et 1 en cours d’instruction.

 
 
 
 

Des référents sécurité

Pour rappel, l’Ordre a mis en place un réseau de 100 conseillers « référents sécurité » afin d’accompagner les pharmaciens agressés après leur déclaration et de les conseiller sur les mesures de sécurité à prendre. Leurs coordonnées sont publiées sur le site de l’Ordre où les pharmaciens peuvent aussi consulter une « fiche réflexe en cas d’agression » et de nombreuses fiches établies par la police et la gendarmerie.