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Les mondes de Sophie
À 23 ans, Sophie Ung, préparatrice à Bondy, en Seine-Saint-Denis glisse entre les compétitions de natation et les responsabilités officinales. Ses deux passions.
Sophie a deux amours. L’eau et la pharmacie. Sous sa voix douce et ses gestes posés, Sophie Ung cache un tempérament de rêveuse pugnace. Dans sa blouse de préparatrice en pharmacie, elle accueille l’autre en s’effaçant presque. Et quand elle enfile son maillot de bain, Sophie avale les longueurs de piscine. Avec la puissance d’un mammifère marin.
Sophie à la plage. Retour en arrière. Sophie a six ans, son cousin quatre de plus. Rageant de se retrouver seule sur le sable pendant que le jeune garçon nage vers le large, elle insiste pour que son père lui apprenne à nager. , précise fièrement Sophie. Elle passe tous ses étés dans un camping de l’île d’Oléron avec ses parents et sa soeur cadette. L’océan devient le lieu de ses premiers entraînements de nageuse. Rien ne l’arrête. Pas même les méduses et les algues. Sophie enchaîne d’interminables allers-retours jusqu’à la dernière bouée. «, dit-elle, en pouffant. Le reste de l’année, elle goûte les joies trop rares de la piscine municipale lors des activités sportives scolaires. Elle est douée. Les maîtres nageurs l’ont compris et la sollicitent pour faire de la compétition. , confirme Sophie. Elle sollicite alors l’accord paternel pour s’inscrire au club de natation de Bondy où elle habite. C’est non. Papa, employé de bijouterie, et maman, employée de boucherie, ont un emploi du temps chargé. Mais le vrai motif, Sophie le connaît. , lui pardonne-t-elle. Et, dans la famille, travail et réussite scolaire priment sur le sport. D’ailleurs, Sophie est une excellente élève. Mais elle est aussi têtue.
Sophie à la piscine. L’opiniâtreté sera payante, aidée par le médecin de famille. , se souvient Sophie. Âgée de douze ans, l’apprentie nageuse qui vit dorénavant avec son père depuis le divorce des parents, s’inscrit enfin dans le club de natation de Bondy. , avoue-t-elle. Enthousiasmée, Sophie apprend à faire les culbutes (les virages) et à respirer dans l’eau. Une respiration à trois temps pour le crawl, deux pour le papillon. , explique Sophie.Quant au rythme du dos crawlé, il se cale sur celui de la course à pied ( La spécialité de Sophie, c’est le dos. Devant un miroir, elle s’exerce sans relâche à peaufiner son geste, Six mois après son inscription au club de natation, c’est le début des premières compétitions. se moque Sophie, qui atteint assez vite «. Normal, elle s’entraîne deux heures par jour, tous les jours, et participe aux compétitions le week-end. , glisse Sophie, à qui l’envie de devenir championne n’a jamais traversé l’esprit.
Sophie à l’école. De la classe de quatrième à la première, la vie de Sophie se résume à « piscine-maison-tâches ménagères-école ». Elle arrête ce rythme infernal en terminale afin de réussir son bac S. dit-elle à demi-mot. En 2002, Sophie s’inscrit à la faculté de pharmacie René-Descartes à Paris. Elle concrétise un vieux rêve puisé dans ses souvenirs d’enfance, où son parrain, pharmacien assistant à Franconville dans le Val-d’Oise, joue un rôle notable. , raconte Sophie. La découverte de l’officine lors d’un stage en troisième la conforte. Elle sera pharmacienne. Mais c’est trop dur. La concurrence acharnée entre les élèves, le rythme trépidant des enseignements ont raison de son envie. Sophie rate deux fois le concours. Dépitée, elle n’abandonne pas pour autant son rêve de travailler dans une pharmacie où planent «. En 2004, elle s’inscrit au CFA de la rue Planchat, à Paris, pour devenir préparatrice en pharmacie. Sophie entre enfin à l’officine. Peu importe le diplôme.
Sophie à la pharmacie. Sophie fait son apprentissage à Bondy, dans la pharmacie de Jean-Paul Guittard. Ce dernier et son adjoint, Kemal Lahreche, dépistent vite la soif d’entreprendre de l’apprentie et lui accordent leur confiance. Avant de quitter l’officine, fin 2005, Kemal passe le relais à Sophie, avec l’accord du titulaire. , explique Sophie, qui s’occupe aujourd’hui d’une dizaine de laboratoires. Outre ses responsabilités, elle navigue au comptoir comme un poisson dans l’eau. Son deuxième élément : « L’écoute et la confiance conférées par la blouse blanche galvanisent Sophie. Comme la reprise des compétitions. Elle s’est réinscrite au club de Bondy et a négocié son emploi du temps pour finir plus tôt certains soirs. Sous les encouragements de son titulaire. , explique Sophie qui a repris les compétitions en décembre. Pas mal, madame Ung-Kadi ! Car la jeune fille a fait une rencontre troublante à l’officine. Azzeddine, médecin algérien, a exercé comme préparateur avant de travailler comme infirmier. Ce bel homme charmant l’a fait succomber. Et la jeune catholique pratiquante a épousé son beau musulman à la mairie. Les yeux de Sophie s’allument. Après l’eau, le feu… •
Sophie Ung
Âge : 23 ans (9 juin 1984).
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Pharmacie Guittard à Bondy (Seine-Saint-Denis).
Ce qui la motive : « mon métier et les autres ».
Portrait chinois• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Du henné, parce que les dessins faits sur le corps sont éphémères et se réalisent uniquement lors des moments heureux (mariage, naissance…).
• Si vous étiez une forme galénique ? Un sirop, parce que c’est sucré et associé à la douceur. Je suis gourmande et… douce.
• Si vous étiez un médicament ? Je soignerai la famine pour tout enfant qui ne mange pas à sa faim. Cela me fait mal au coeur de voir ça.
• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Des bas de contention, pour leur côté magique car ils sont immédiatement efficaces ! J’aime cette idée de pouvoir soulager.
• Si vous étiez un vaccin ? Contre le sida. En amour, on ne devrait pas prendre de risque. On devrait pouvoir s’aimer sans contrôle. Le sida est injuste.
• Si vous étiez une partie du corps ? Les oreilles, car on a besoin d’écouter les gens. Aujourd’hui, on vit trop chacun pour soi.
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