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Les Etats-Unis étudient la France de près

Publié le 23 mai 2009
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Ayant convoqué le 11 mai à la Maison-Blanche des représentants de l’assurance santé, des médecins, de l’hôpital, des laboratoires et des syndicats, Barack Obama a demandé à l’« industrie des soins » de réduire ses coûts de 2 000 milliards de dollars sur 10 ans. Au-delà de ces économies, le président américain souhaite se rapprocher d’une couverture universelle.

« C’est notre système qui inspire actuellement l’équipe Obama », a constaté Philippe Aghion, professeur d’économie à Paris-I, lors d’un récent débat organisé par le LIR* sur l’impact de la santé sur la croissance. Et de rappeler les propos tenus fin mars sur CNN par Bill Clinton : « Nous pourrions aller vers un système mixte. Regardez le système français, extrêmement bien noté dans toutes les comparaisons internationales : il est essentiellement financé par la collectivité, mais il y a assez de privé pour une stimulation créative ou positive. » Et sans les files d’attente britanniques.

Plus de santé égale plus de croissance

Souci numéro un de l’administration Obama : les 5 points de PIB de plus que les Etats-Unis consacrent à la santé par rapport à nous partent chez les assureurs, mais pas dans le système de santé. Or les fonds consacrés à la santé participent à la croissance : pas seulement à travers les emplois directs et les économies de coûts sociaux générés, mais aussi parce que la santé préserve le « capital humain » qui, au plan macroéconomique, favorise l’innovation technologique et la croissance (meilleure capacité cognitive, donc meilleure transmission, assimilation et adaptation du savoir, production à plus grosse valeur ajoutée…). Les travaux respectifs de Philippe Aghion et de Gérard de Pouvourville, titulaire de la chaire santé de l’ESSEC, tendent ainsi à mettre en évidence un lien direct entre amélioration de la santé, longévité et croissance économique.

Une autre étude des Britanniques McGuire et Raikou, citée lors du débat, a démontré que l’augmentation de la longévité de 1970 à 2000 au Royaume-Uni a fait gagner 2,84 trillions de livres au pays, soit deux ans de PIB ! Et Didier Tabuteau, de la chaire santé de Sciences Po, de souligner que les Chinois eux-mêmes envisagent de créer un système de protection sociale pour instaurer la « confiance sociale », indispensable au dynamisme d’une économie moderne, et pousser la population à ne plus épargner drastiquement.

Contrairement aux idées reçues, la santé n’est donc pas une charge mais un investissement. Reste une difficulté : aucun économiste n’a encore été capable de comparer le rendement de un euro supplémentaire investi dans la santé à celui consacré à d’autres investissements.

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* Association représentant 13 filiales françaises de laboratoires internationaux.