Les agressions ne doivent pas être le quotidien des soignants !

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Les agressions ne doivent pas être le quotidien des soignants !

Publié le 29 août 2024
Par Audrey Chaussalet
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Les médecins libéraux sont en colère contre la montée de la violence dont les professionnels de santé, au sens large, sont victimes. Un fléau qui touche également les pharmaciens d’officine.

Dans un communiqué, une intersyndicale de médecins libéraux composée d’une dizaine d’organisations – dont la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF), Avenir spé, le syndicat de médecins généralistes MG-France, l’Union française pour une médecine libre (UFMLS), l’association Médecins pour demain, le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir), etc. – interpelle les pouvoirs publics sur la montée de la violence contre les médecins et, plus généralement, contre les professionnels de santé.

Une banalisation de la violence

L’agression d’une jeune médecin généraliste dans un cabinet du XVe arrondissement à Marseille le 12 août dernier, causant à la victime quatre jours d’incapacité totale de travail, a été l’événement de trop qui a poussé les syndicats de médecins à réagir. Deux jeunes filles, dont une mineure, avaient cherché à obtenir de la praticienne une ordonnance pour une tierce personne qui n’était pas présente. En soutien à la victime, un rassemblement d’une centaine de personnes s’était tenu le 22 août dernier, devant le lieu de l’agression.

Pour l’intersyndicale, « le nombre d’agressions envers les médecins et, plus largement, envers les professionnels de santé, en France a atteint un niveau alarmant, mettant en péril non seulement leur sécurité, mais aussi la qualité des soins prodigués aux patients ». De son côté, l’Ordre des médecins, qui présentera des résultats complets en octobre prochain, dressent d’ores et déjà un bilan 2023 sur les violences contre les médecins pire qu’en 2022, année qui avait pourtant déjà enregistré une hausse de 23 % par rapport à 2021. Une tendance qui corrobore malheureusement les chiffres présentés en juin dernier par l’Ordre national des pharmaciens qui, pour sa part, avait recensé 475 agressions déclarées par les pharmaciens en 2023, soit 30 % de plus qu’en 2022.

Vers des sanctions plus dures contre les auteurs de la violence

En septembre 2023, le gouvernement avait présenté un projet visant à renforcer la sécurité des professionnels de la santé. Ce projet comprenait une campagne d’information, des programmes de formation, le soutien financier pour des systèmes d’alerte et des mesures renforcées pour punir les agresseurs. Des mesures qui sont aujourd’hui jugées « indispensables », mais aussi « insuffisantes » par l’intersyndical.

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Franck Devulder, le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), estime qu’il est nécessaire de prévoir des sanctions « aggravées et exemplaires pour les agresseurs de personnels soignants et médicaux, comme celles qui sont prévues pour les agresseurs de gendarmes ou de policiers ». Il appelle aussi à développer un système de bouton d’alerte dans les cabinets, à l’instar du dispositif mis en place en Guyane.

Le communiqué de l’intersyndicale des médecins conclut sur le fait que « les médecins ne peuvent payer le tribut du délabrement du système de santé tout en le subissant de plein fouet. [..] Le manque d’investissement dans la santé entraînant une pénurie de médicaments, un manque de lits à l’hôpital…, provoque inexorablement une montée de l’agressivité », estiment les médecins.

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