- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- Le Sénat évalue la sécurité et l’efficacité des génériques
Le Sénat évalue la sécurité et l’efficacité des génériques
Le 19 juin, lors de deux tables rondes, la mission d’évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale du Sénat (MECSS) invitait des experts à s’exprimer sur les génériques. Les thèmes choisis : « Princeps/générique : quelle équivalence ? » et « Evaluation de la politique française du médicament générique ».
Essayons de sortir de la crispation génériques », a proposé Dominique Maraninchi. Le directeur de l’ANSM s’est fait le défenseur des génériques tout au long de la première des deux tables rondes organisées par la MECSS(1) le 19 juin, à laquelle il participait avec des membres des Académies nationales de pharmacie et de médecine. Les médecins, en effet, tout en affirmant ne pas « être contre la substitution » ont rappelé les « efforts de pédagogie » recommandés par le fameux rapport de l’Académie de médecine sur la place des génériques dans la prescription paru en février 2012. Reconnaissant que le rapport n’avait pas été confié à des spécialistes de la bioéquivalence mais à un rhumatologue, donc prescripteur, le Pr Jean-Paul Tillement a listé les réserves de l’Académie : différences de présentation (couleur, princeps quadrisécable mais pas son générique, gélules plus grosses…), problèmes d’acceptabilité… « Nous oscillons entre du vécu, du ressenti et de la thérapeutique, mais pourquoi les génériques sont-ils une cible ?, a interrogé Dominique Maraninchi. D’énormes enjeux économiques peuvent fausser le débat. » Satisfait par l’importance donnée à la bioéquivalence, le directeur de l’ANSM s’est cependant demandé pourquoi « on n’en parlait pas concernant les princeps, puisque l’on sait qu’il existe des variabilités de biodisponibilité d’un individu à l’autre ».
Des économies pour l’Assurance maladie sont toujours possibles
La seconde table ronde a porté sur le prix du générique et les économies permises par la substitution. Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de l’Assurance maladie, a cependant souligné la différence de prescription entre la France et les autres pays d’Europe, liée au goût prononcé des médecins français pour l’innovation. Elle a aussi mentionné une différence de prix, le comprimé coûtant 15 centimes en moyenne en France contre 12 en Allemagne et moins encore dans d’autres pays (étude 2012). « Nous pourrions, en nous alignant sur l’Allemagne, économiser encore 400 millions d’euros. »
Autre moyen de faire des économies, toucher aux structures de prescription : « La rosuvastatine représente 30 % du volume en France(2) contre 0,5 % Allemagne et moins de 4 % en Angleterre, a expliqué Mathilde Lignot-Leloup. Nous pourrions faire 500 millions d’économies sur ces statines. » « Le pic de générication atteint est malheureusement non reproductible et nous aurons dans les prochaines années un retour à un chiffre d’affaires de médicaments génériqués qui ne dépassera pas 350 à 400 millions par an, avec même une stagnation en 2016 des entrées dans le Répertoire », a poursuivi Dominique Giorgi. Le président du Comité économique des produits de santé a rappelé qu’un point de substitution en plus représentait 29 millions d’économie, qu’un point de prix en moins c’était également 29 millions d’économisés et, qu’enfin, un point de prescription de plus dans le Répertoire faisait gagner… 89 millions. « C’est à mon sens le facteur sur lequel il faut jouer si l’on veut tirer le meilleur profit des génériques », a estimé Dominique Giorgi.
(1) La MESCSS comprend 10 membres, dont l’ensemble des rapporteurs du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, et est présidée par le rapporteur général de la commission des Affaires sociales, Yves Daudigny.
(2) 35 % des initiations de traitements, 45 % chez les cardiologues.
- Enquête de l’Anepf : la vie des étudiants en pharmacie, pas si rose
- Économie officinale : faut-il ressortir les gilets jaunes et les peindre en vert ?
- Prescription des analogues du GLP-1 : les médecins appellent au boycott du dispositif imposé
- Bon usage du médicament : doit-on oublier la dispensation adaptée ?
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
![DE LA RECHERCHE À LA PRODUCTION](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/07/article-defaults-visuel-680x320.jpg)