Le gouvernement Barnier renversé : que vont devenir les mesures en faveur de l’officine ?

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Le gouvernement Barnier renversé : que vont devenir les mesures en faveur de l’officine ?

Publié le 4 décembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
Les députés ont voté mercredi la censure du gouvernement en place depuis à peine trois mois, un événement inédit en France depuis 1962. Cette décision renforce l’incertitude politique et économique dans un pays clé de l’Union européenne.

Après trois heures et demie de débats animés dans un hémicycle bondé, 331 députés ont voté pour renverser l’exécutif, dépassant le seuil nécessaire de 288 voix.
« En raison de la motion de censure, (…) le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement », a déclaré Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.

Rentré d’une visite d’État en Arabie saoudite, Emmanuel Macron doit maintenant désigner un nouveau Premier ministre, conformément à la Constitution.

Une alliance inédite pour une motion de censure

Cette censure a été rendue possible par une alliance ponctuelle entre les députés de gauche, le Rassemblement national (RN), et plusieurs alliés, motivés par des divergences sur des questions budgétaires. La dette publique élevée de la France, qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, a constitué un point central des critiques.

Au-delà du gouvernement dirigé par Michel Barnier, c’est Emmanuel Macron qui est ciblé par cette opposition disparate. Mathilde Panot, cheffe du groupe La France insoumise, a appelé le Président à quitter ses fonctions et réclamé des élections présidentielles anticipées.

Marine Le Pen, cheffe du RN, a justifié la censure en dénonçant la continuité des « choix technocratiques » d’Emmanuel Macron, réélu en 2022 mais dont la popularité est en chute libre. Elle a ajouté que le président devait « lui-même réfléchir à sa capacité à rester en poste ».

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Avant le vote, Michel Barnier a tenté de défendre son gouvernement, insistant sur la réalité des défis économiques : « La France consacre 60 milliards d’euros par an aux intérêts de sa dette, soit davantage qu’à la défense ou à l’enseignement supérieur. Cette réalité ne disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure », a-t-il averti.

Quel avenir pour le PLFSS et les officinaux ?

Le rejet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) entraîne la suppression des mesures budgétaires qui y étaient prévues, notamment celles en faveur des officines. Parmi ces dispositions figuraient :

– L’élargissement des remises commerciales sur les médicaments biosimilaires et hybrides ;

– La réduction du délai de substitution des biosimilaires de deux ans à un an ;

– L’introduction de la dispensation conditionnelle obligatoire en cas de risque de rupture.

La formation rapide d’un nouveau gouvernement pourrait permettre de présenter un texte reprenant les mesures les moins controversées, comme celles concernant les pharmacies. Selon plusieurs experts, un PLFSS 2025 pourrait encore être voté au cours du premier semestre 2025, mais des délais prolongés risquent de perturber la mise en œuvre des réformes.

Les marchés financiers en alerte

L’absence d’un budget voté pour la Sécurité sociale soulève des inquiétudes non seulement sur la continuité de la trésorerie de la Sécurité sociale, mais aussi sur la confiance des marchés financiers.

Des constitutionnalistes appellent à l’élaboration d’un texte exceptionnel par décret pour garantir la continuité de l’État. Sans cela, la situation pourrait entraîner :

– Une hausse des taux d’intérêt, due à la perte de confiance des investisseurs ;

– Une augmentation du coût des emprunts publics ;

– Un creusement du déficit budgétaire.

Ces tensions économiques risquent d’ajouter à la crise politique actuelle, rendant d’autant plus urgente la nomination d’un nouveau gouvernement capable de rassurer les marchés et de relancer les réformes.

Avec AFP