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« Le “ça va mal” ne suffit pas »
Claude Japhet n’a pas souvent manié la langue de bois. Une fois encore, alors qu’il a quitté la tête de l’UNPF le 22 mars dernier, après quinze années de service, il ne mâche pas ses mots pour livrer son point de vue sur les négociations et la profession.
« LE MONITEUR » : La façon de négocier entre les professionnels et les pouvoirs publics a-t-elle changé ces dernières années ?
CLAUDE JAPHET : Quelles que soient les personnes en face, les négociations relèvent de deux problématiques. Dans la première problématique, il y a quelqu’un qui a quelque chose à vendre et qui essaie de trouver un « acheteur ». Dans la seconde, on a un problème et on cherche quelqu’un pour le résoudre. A-t-on sur la place publique des personnes qui peuvent faire quelque chose et à quel prix ? Toutes les négociations auxquelles j’ai participé se sont déroulées de cette manière. Il faut que chacun ait un intérêt, soit économique, soit organisationnel. Chaque fois que nous avons échoué, c’est parce que nous n’avons pas su ou voulu montrer quel était l’intérêt pour l’autre partie. C’est le cas pour les SPF-PL.
D’autres problèmes peuvent-ils surgir lors des négociations ?
Il faut que la profession sache exactement où elle veut aller. L’objectif final doit être pensé et présenté de la même façon par tous les acteurs. Ensuite, on peut y parvenir de différentes façons. Aujourd’hui, on est sur du détail. On est peut-être d’accord sur les objectifs, mais pas sur les moyens.
Si on a échoué pour les SPF-PL, c’est parce qu’il y a un désaccord entre les syndicats et aucun intérêt pour l’Etat.
Pensez-vous que la profession va pouvoir négocier entre la remise du rapport de l’IGAS, en mai, et la présentation du PLFSS 2012, en septembre ?
Il y a des fenêtres de tir. On sait qu’un gouvernement qui arrive a un an pour mettre en place, un an pour « sortir ? », et, grosso modo, deux ans et demi pour gérer les affaires. Pour les négociations actuelles, on n’est pas dans les clous. Quelle que soit l’issue, un nouveau gouvernement cassera le dispositif, parce que ce dernier ne pourra pas être mis en œuvre avant la fin de l’année.
Quel pessimisme !
Aujourd’hui, avec les déficits abyssaux de la Sécurité sociale, je ne vois pas un gouvernement donner s’il n’y a pas d’économies à la clé. Demander au ministre 200 ou 300 millions d’euros alors que le déficit atteint 30 milliards, c’est aller droit dans le mur. Il faut que les confrères comprennent que le « ça va mal » ne suffit pas. Il faut aussi montrer qu’il y a un risque de santé publique. Les responsables peuvent alors penser : « Il y a un risque, comment je vais le gérer ? »
Depuis cinq ans, la profession s’est refermée sur elle-même. Et la société a évolué. Aujourd’hui, les ventes de billets de train ou d’électroménager se font sur Internet. Attention, je ne dis pas que je suis pour la vente de médicaments sur Internet, mais il faut prendre en compte ce fait. Autre phénomène que j’essaie de faire comprendre aux confrères : suis-je en phase avec les habitudes de consommation du public ? Nous avons encore trop souvent l’habitude de mettre en place des dispositifs sans avoir vérifié auprès du public s’il était intéressé. Il faut dès à présent penser à 2020.
La loi HPST n’est-elle pas une façon de penser à l’avenir ?
La loi HPST était essentielle pour nous dans le cadre de la reconnaissance du pharmacien. Le décret du pharmacien correspondant paraît, mais le système est actuellement ingérable. De plus, les médecins remontent au créneau. Nous aurions dû négocier avec l’Etat et les médecins pour ces missions. La sortie de ce texte est une stupidité, car il n’y a aucune rémunération. Syndicalement, c’est une erreur stratégique.
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