Socioprofessionnel Réservé aux abonnés

La stabilisation n’est qu’une étape

Publié le 15 décembre 2012
Par Francois Pouzaud
Mettre en favori

Les dépenses de médicaments ont été stables en 2011, malgré une progression très nette des prescriptions hospitalières dispensées en ville. Et, selon la CNAM, il y a encore des marges de manœuvre.

Plus les années passent, plus la maîtrise des dépenses de médicaments en ville est efficace. En 2011, grâce aux différentes mesures de régulation mises en œuvre, l’Assurance maladie est parvenue pour la première fois à stabiliser ce poste de soins. La progression des montants remboursés est limitée à 0,2 % de croissance (22,84 milliards d’euros pour 2,64 milliards de boîtes), contre 2 % environ en 2009 et 2010… et 9 % en 2001. Hors rétrocession hospitalière, les dépenses des seuls médicaments de ville enregistrent même une chute de 0,2 % pour 21,3 milliards d’euros de dépenses.

« Près de un milliard d’euros d’économies a été réalisé grâce aux actions de maîtrise des dépenses », précise Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à l’Assurance maladie. Les baisses de prix et les tarifs forfaitaires de responsabilité contribuent ainsi à cette maîtrise pour 479 millions d’euros, la maîtrise médicalisée notamment, au travers des CAPI (contrats d’amélioration des pratiques individuelles) pour 333 millions et la promotion des génériques pour 161 millions. La stabilisation des dépenses tient aussi à la baisse des volumes de médicaments remboursés de 0,8 % par rapport à 2010 et à un effet structure (report des prescriptions vers des produits plus coûteux) qui s’est nettement ralenti en 2011 (+ 3,6 points contre + 5,4 en 2010).

Les baisses enregistrées sur les dépenses des médicaments des épisodes aigus (– 103 M€) et ceux des maladies chroniques (– 138 M€) contrastent avec la progression des médicaments de spécialité des pathologies lourdes (+ 249 M€). De même, la différence est saisissante entre les prescriptions de ville hors prescription initiale hospitalière (– 294 M€) et les prescriptions hospitalières délivrées en officine (+ 217 M€), ce qui montre tout l’enjeu de la régulation du poste médicament à l’hôpital. Les prescriptions hospitalières en cardiologie sont d’ailleurs dans la ligne de mire de l’Assurance maladie.

Des prescriptions dans le Répertoire insuffisantes

En rapportant 1,4 milliard d’euros, la substitution a également participé à la stabilité des dépenses, mais plus faiblement qu’en 2010. Pour 2012, l’Assurance maladie attend de bien meilleurs résultats grâce notamment à la générication de Tahor, premier médicament remboursé en montant (469,3 M€ en 2011), et à la mesure « tiers payant contre génériques », relancée avec succès en juillet.

Publicité

Malgré un taux de substitution de 82,7 % à fin novembre, les génériques en France restent sous-utilisés. La progression de 9,7 % des dépenses sur Crestor, 2e spécialité la plus remboursée en 2011, interpelle l’Assurance maladie sur le report des prescriptions sur des produits brevetés et plus coûteux. « La nouvelle convention médicale et la mise en place des objectifs de santé publique avec l’ensemble des médecins traitants inverseront cette tendance », assure Frédéric Van Roekeghem, directeur de la CNAMTS, qui annonce une baisse en 2012 des prescriptions d’antibiotiques pour les adultes.