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La ruée vers l’iode
La catastrophe nucléaire qui menace le Japon inquiète le monde entier qui craint les retombées radioactives. Et pousse des clients à réclamer des comprimés d’iode à leur pharmacien.
Alors que la situation est critique au Japon, les Etats-Unis sont en rupture de stocks de comprimés d’iode. Plus de 10 000 boîtes d’Anbex ont été vendues dans la seule journée de samedi. En Allemagne, la fédération allemande des pharmacies reconnaît que de nombreuses officines ont signalé des demandes de comprimés d’iode émanant de clients. Ce vent de panique souffle également en France où des personnes inquiètes se présentent à leur pharmacie pour réclamer de telles pastilles.
24 heures d’efficacité
« Notre rôle est d’informer », explique Olivier Ferlet, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. De plus, le pharmacien doit bien préciser que prendre des comprimés d’iode un jour avant la survenue d’un nuage radioactif est inutile. Les comprimés d’iode servent, en effet, à saturer la thyroïde et donc à bloquer la fixation par les récepteurs de la thyroïde de l’iode radioactif (iode 131) respiré ou inhalé, le temps de se mettre à l’abri. L’action des comprimés ne dure que 24 heures. Pour qu’ils agissent efficacement, les comprimés d’iode doivent être ingérés 2 heures avant le passage d’un nuage radioactif sur le territoire. Et uniquement sur ordre du préfet. Un point sur lequel il faut insister.
La posologie est également importante. Chaque comprimé est dosé à 65 mg. Les nourrissons de 0 à 1 mois doivent prendre un quart de comprimé, les enfants de 1 mois à 3 ans un demi-comprimé, les enfants de 3 à 12 ans un comprimé. A partir de 12 ans, il faut avaler 2 comprimés. Certains ne recommandent pas la prise d’iode après 45 ans. « On estime qu’à partir de cet âge, les gens ont moins de risques de développer un cancer de la thyroïde. Mais il n’y a aucun risque à prendre des comprimés d’iode après 45 ans. Toute la population doit en prendre en cas de danger, y compris les nourrissons et les femmes enceintes, les populations les plus vulnérables », indique Olivier Ferlet. Il faut néanmoins savoir que l’iode peut avoir des effets indésirables : pathologies cardiaques (palpitations), hyperthyroïdie.
Il ne peut y avoir de pénurie de comprimés d’iode. « La France est divisée en grandes zones de défense. Dans ces zones, des pharmacies disposent de stocks de 500 boîtes d’iode, ce qui représente 5 000 comprimés. Ces stocks appartiennent à l’Etat et le pharmacien en est comptable, précise Olivier Ferlet. De plus, le dossier pharmaceutique permet d’alerter des pharmacies de façon ciblée et de concentrer les moyens si un accident survient dans une zone déterminée. » Sans compter que dans les zones de protection de la population fixées autour des 19 centrales nucléaires françaises, les pharmacies, les mairies, les entreprises, les écoles, les grandes surfaces ont également des stocks.
Enfin, autres conseils que le pharmacien peut prodiguer : en cas de danger radioactif, les personnes doivent se confiner et ne pas consommer le jour même et dans les semaines suivantes des produits frais y compris de son jardin (fruits et légumes, lait, eau du puits), des fruits sauvages, des champignons et du gibier.
La distribution de l’iode en cas d’accident
Venant du Japon ou d’une centrale nucléaire française, le nuage radioactif déclenche le même dispositif (alerte, évacuation, confinement). Le territoire est découpé en trois zones qui détermineront le mode de distribution de l’iode mais non la prise, celle-ci étant fixée à un taux de radioactivité à la thyroïde de 50 mSv (millisievert). La première zone est définie dans un rayon de 10 km autour d’une centrale où la population est pourvue en iode. La deuxième zone est située au-delà du rayon des 10 km et concerne également les départements limitrophes. L’iode y est stocké dans différents centres accessibles en moins de 12 heures (écoles, pharmacies, mairies, hôpitaux). Enfin, la zone de niveau 3 est éloignée de toute centrale et il n’existe que des stocks uniques déployables en moins de 24 heures. Les habitants seront avertis par la radio et des véhicules avec haut-parleurs. « Dans certains départements, il peut même y avoir un porte à porte », note Jean-René Jourdain, pharmacien expert santé à l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN). Il estime que les pharmaciens sont les plus aptes à distribuer l’iode, Car, dit-il « il est illusoire de penser que tout cela va se passer sans questions de la population ».
ML
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