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La nouvelle donne
Le grand chambardement. L’ordre des pharmaciens va procéder au renouvellement de l’ensemble de ses élus, du conseiller régional au président du conseil national. Un scrutin aux modalités inédites. Coup d’envoi le 19 mai.
Mille. C’est à peu près le nombre de conseillers ordinaux que les pharmaciens, toutes sections confondues, devront élire au printemps prochain. Un renouvellement sans précédent, conséquence directe de la loi 4 mars 2002 sur le droit des malades dont le décret et l’arrêté d’application précisant les modalités de l’élection sont en passe d’être publiés. Deux modifications essentielles sont apportées : l’obligation pour chaque candidat de se présenter avec un suppléant, et l’élection, au sein du conseil national, de huit représentants de la section D au lieu des trois actuellement requis.
Chaque candidat à la fonction de conseiller ordinal devra donc se présenter en tandem. Et qu’on se le dise, les suppléants n’auront pas été élus pour faire de la figuration. C’est en tout cas ce que l’Ordre assure. Ils pourront siéger au conseil et voter en cas d’absence du titulaire. « Je n’y vois que des avantages, commente Jean-Luc Audhoui, trésorier du conseil central de la section A. Le système va permettre une sécurité et une continuité de fonctionnement des conseils puisque les suppléants pourront se préparer à devenir titulaires. C’est aussi un gage de renouvellement au sein des conseils. »
Reste une inconnue : y aura-t-il suffisamment de candidats ? La section A doit renouveler 260 conseillers régionaux ! Les 520 candidats nécessaires seront-ils au rendez-vous ? « On élisait déjà des suppléants. Il y en avait un pour deux conseillers. Il y en aura désormais un pour un. Il n’y a donc pas tant de candidats que cela à trouver. J’ai confiance dans la mobilisation de mes confrères », assure Jean Parrot, président du conseil national, qui s’inquiète tout de même, dans les colonnes des dernières Nouvelles pharmaceutiques, des conséquences d’un nombre de candidatures insuffisant (« ce serait le signe d’une incapacité à nous assumer comme profession »).
La section D monte en puissance.
Christian Blaesi, président du conseil central A, a quant à lui écrit à chaque pharmacien pour leur rappeler les enjeux de ces élections. « Les candidats ne peuvent plus faire acte de candidature à titre individuel et il y a désormais une date limite de dépôt des candidatures un mois avant les élections, ça change tout », explique-t-il. Jusqu’ici, les pharmaciens pouvaient être élus sans réellement être candidats, en se présentant au suffrage le jour même de l’élection. Aujourd’hui, nul ne pourra être élu s’il n’a fait acte de candidature avant la date limite. La mobilisation générale est donc à l’ordre du jour. Mais qu’arriverait-il s’il n’y avait pas assez de candidats ? « Des élections partielles se tiendraient ultérieurement, répond Christian Blaesi. Mais ce serait extrêmement regrettable. »
L’autre grand changement tient dans l’élection de huit représentants de la section D au sein du conseil national (au lieu de trois), le même nombre que la section A. « Cette répartition au sein du conseil national datait de 1945. A l’époque, il n’y avait que 2 900 adjoints, nous sommes bientôt 32 000, c’est une nouvelle époque, la démocratie va pouvoir s’exercer encore mieux », se félicite Jérôme Paresys-Barbier, président du conseil central D. « ça aurait été encore plus démocratique si on avait créé une section H, et proposé un ou deux représentants de la section D dans les conseils régionaux », remarque Jean Parrot. La création de cette section H, regroupant les pharmaciens hospitaliers, qu’a tenté d’imposer Jean Parrot au moment de la discussion de la loi sur le droit des malades, aurait permis de « sortir » les hospitaliers de la section D.
C’est donc une nouvelle donne (un nouveau rapport de force diront certains) qui va se mettre en place au sein du conseil national avec la montée en puissance de la section D. « Le président aura un point de vue pluriel, et la majorité plurielle ne s’est pas si mal débrouillée que cela, explique Jérôme Paresys-Barbier. Les ordres du jour seront peut-être différents, les décisions disciplinaires modulées, dans les deux sens d’ailleurs. » Et si, à la faveur d’alliances de circonstance, le nouveau président de l’Ordre était adjoint d’officine ? « Qu’importe, note Jean-Luc Audhoui. Qu’il soit titulaire ou adjoint, ce sera un officinal, et il défendra la profession. »
REPÈRES
Dates limites de dépôt des candidatures
– Section A : – Conseils régionaux : 18 avril. – Conseil central : 30 mai. – Conseil national : 16 juin.
– Section D : – Conseil central : 7 avril. – Conseil national : 20 juin.
Les têtes d’affiche de la campagne
Présidence de l’Ordre : Jean Parrot s’est déjà déclaré candidat à sa propre succession. Il aura un challenger, Yves Trouillet, membre du conseil national et président de l’Association de pharmacie rurale.
Section A : Christian Blaesi sera candidat à sa propre succession.
Section D : Jérôme Paresys-Barbier souhaite visiblement être reconduit dans ses fonctions « pour poursuivre [son] action », même s’il se réserve la possibilité de se présenter au conseil national.
Elections mode d’emploi
Qui vote ?
Tous les pharmaciens régulièrement inscrits au tableau de leur section.
Qui est éligible ?
Tout pharmacien électeur s’il totalise une durée d’inscription à l’Ordre d’au moins 5 ans.
À quel poste ?
En section A, un tandem de pharmaciens peut se présenter à trois niveaux. Soit dans son département pour être membre du conseil régional, soit devant le conseil régional pour être élu en tant que délégué supplémentaire dans les sept grandes régions concernées*, soit, enfin, directement devant le conseil central de sa section pour être élu au conseil national.
En section D, le tandem peut se présenter devant ses pairs pour être élu au conseil central de sa section ou directement devant ce dernier pour être élu au conseil national.
* Un pour l’Aquitaine, le Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes, PACA, la Corse, les Pays de la Loire et Midi-Pyrénées, et deux pour l’Ile-de-France.
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