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La longue feuille de route de la nouvelle ministre de la Santé

Publié le 28 septembre 2024
Par Audrey Chaussalet et Sana Guessous
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Avec la valse effrénée au ministère de la Santé – sept ministres en cinq ans –, les dossiers chauds qui attendent la nouvelle ministre, Geneviève Darrieussecq, se sont accumulés. Impatients de retrouver un ministère, les pharmaciens ne sont pas les derniers à lui lancer des défis.

 

« Je ne ferai pas de miracles, je ne suis pas une fée », a déclaré la nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, lors de la passation de pouvoir avec Catherine Vautrin lundi 23 septembre, à propos du budget 2025 de la Sécurité sociale qu’elle va devoir préparer très vite en vue de son examen au Parlement prévu au plus tard à la mi-octobre. Les enveloppes « augmenteront un peu », mais « jamais à la hauteur de ce que tout le monde espérerait », a-t-elle averti.

 

Les deux syndicats représentatifs de la profession, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) saluent néanmoins tous les deux sa nomination. « Nous avons déjà connu Mme Darrieussecq dans ses fonctions précédentes de ministre déléguée chargée des personnes handicapées auprès du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées sans la rencontrer personnellement. […] On peut aborder les fonctions de ministre avec plusieurs compétences, être professionnel de santé [Geneviève Darrieussecq est médecin allergologue de formation, Ndlr] en fait partie ! », a réagi Philippe Besset, président de la FSPF. Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, souligne, lui, les origines rurales de la nouvelle ministre : « Elle a été maire de Mont-de-Marsan (Landes), donc elle connaît la difficulté des territoires. C’est une bonne chose qu’elle soit au courant des réalités de terrain et des soucis que les patients rencontrent. »

Les axes majeurs : l’accès aux soins et la prévention

 

Le secteur de la santé qui, sous le gouvernement de Gabriel Attal, avait dû coexister avec ceux du travail et des solidarités, retrouve sa quasi-autonomie, adjoint de l’accès aux soins, dans la nouvelle équipe du premier ministre Michel Barnier annoncée le 21 septembre dernier. Geneviève Darrieussecq hérite néanmoins d’un secteur en crise. Elle a d’ores et déjà annoncé faire de « l’accès aux soins et la prévention, les axes majeurs de sa future politique ». Une opinion que partage Philippe Besset. « Notre urgence concerne le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, avec la prise en compte de sujets comme la souveraineté nationale sur les médicaments ou le fait de ne plus avoir de rupture de stock de médicaments. Nous avons également un dossier à avancer sur le développement des biosimilaires, l’application de tous les accords conventionnels signés entre les syndicats représentatifs et l’Assurance maladie », détaille-t-il. Par ailleurs, le président de la FSPF se prononce en faveur d’une révision du système conventionnel. Pierre-Olivier Variot met, lui, l’accent sur les textes réglementaires laissés en suspens et qu’il juge pour autant fondamentaux : « L’extension à trois mois du renouvellement exceptionnel par le pharmacien des prescriptions de traitements chroniques, donner la possibilité aux préparateurs de vacciner sous la responsabilité des pharmaciens, d’ouvrir le droit de substitution des pharmaciens aux dispositifs médicaux… » 

 

De son côté, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé vouloir faire de « la santé mentale, la grande cause nationale » en 2025 et a plaidé pour une suppression de l’aide médicale d’État (AME), un dispositif qui prend en charge les dépenses de santé des étrangers en situation irrégulière en France depuis trois mois. Sur ce dossier, la nouvelle ministre de la Santé devra trancher ! De même que dans un contexte de pénuries de médicaments, elle aura aussi pour mission de défendre la souveraineté sanitaire aux côtés de Marc Ferracci, cet élu macroniste peu apprécié des pharmaciens à cause du projet de dérégulation de la vente en ligne de médicaments et devenu, le 21 septembre dernier, ministre délégué en charge de l’industrie.

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