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La CPAM condamnée à payer une ordonnance « apocryphe »

Publié le 29 janvier 2011
Par Marie Luginsland
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La CPAM des Hauts-de-Seine doit s’acquitter de 172,39 euros à Anne Cabret, titulaire de la Pharmacie Saint-Lazare à Paris. « Mon recours au tribunal des affaires sociales était une question de principe et j’étais prête à aller jusqu’au bout », se félicite la titulaire, qui a bénéficié du soutien de son syndicat dans cette affaire.

Rappel des faits. En novembre 2009, deux jours après la télétransmission d’une ordonnance émise à l’en-tête de l’hôpital Bichat, la CPAM refusait de régler la FSE à Anne Cabret au seul motif que cette ordonnance était « apocryphe », c’est-à-dire dont la bonne foi n’est pas prouvée. Un véritable casse-tête pour Anne Cabret, et nombre de ses confrères car il est impossible pour un pharmacien d’officine « de vérifier l’existence ou non du prescripteur, notamment pour ces praticiens des grands centres hospitaliers ». Le tribunal des affaires sociales de Paris l’a bien compris, qui signifie dans sa décision : « La CPAM ne précise pas de quelle façon la pharmacie aurait pu s’assurer de l’authenticité de l’ordonnance. »

Une décision qui ne ferait pas jurisprudence

Certes, la CPAM des Hauts-de-Seine reconnaît aujourd’hui que « cette affaire remonte à la première année de mise en place du dispositif d’alerte ». Ce qui ne l’empêche pas de botter en touche en citant l’article R. 4235-48 du Code de la santé publique, qui spécifie l’obligation « d’analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale si elle existe ».

Pour Catherine Hautcolas, responsable adjointe du département de la lutte contre les fraudes de la CPAM des Hauts-de-Seine, la décision en faveur de la Pharmacie de Saint-Lazare ne saurait en aucun cas faire jurisprudence. Elle en veut pour preuve un nouveau tournant pris par l’affaire de ces ordonnances apocryphes. « Pas plus tard que le 24 janvier, le même tribunal des affaires sociales a débouté une titulaire [de la Pharmacie des Grands Boulevards à Paris, NdlR] sur une contestation portant sur la même ordonnance que celle présentée à la Pharmacie Saint-Lazare ! », déclare-t-elle. Jointe par Le Moniteur, la titulaire de la Pharmacie des Grands Boulevards s’est dite stupéfaite de la décision du tribunal des affaires sociales.

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Quoi qu’il en soit, la CPAM annonce qu’elle a développé un nouveau logiciel de détection des fausses ordonnances qui n’attend plus que l’aval de la CNIL.