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« J’ai choisi de vous faire confiance »
En marge du salon Pharmagora, le ministre de la Santé a accepté de répondre aux questions du « Moniteur ». S’il dit comprendre les craintes de la profession sur le plan économique, il entend aussi ne pas être déçu.
« Le Moniteur » : Vous poussez depuis deux ans à de gros efforts de réduction du déficit de l’assurance maladie. Les pharmaciens y contribuent pour près de deux milliards à travers les deux derniers « plans médicament ». Seront-ils encore davantage mis à contribution dans les deux ans qui viennent ?
Xavier Bertrand : En 2006, un effort a été demandé à l’ensemble des partenaires du système de santé : les industriels, les médecins, les patients et les pharmaciens. Les résultats des mesures prises depuis deux ans sont là. Le déficit de l’assurance maladie a été ramené fin 2005 à 8 milliards d’euros. Sans réforme, il aurait atteint 16 milliard d’euros. Cette décélération des dépenses n’a été possible et ne se poursuivra que grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs, dont les pharmaciens. L’effort demandé doit non seulement engendrer des économies, mais aussi apporter de véritables changements d’habitudes, enraciner des comportements permettant d’assurer la meilleure qualité des soins, au meilleur coût pour l’assurance maladie. Je sais que l’effort est important mais je tiens à rappeler l’enjeu de la réforme. Il est de garder notre système de santé qui repose sur la solidarité, dans lequel nous cotisons selon nos moyens et nous sommes soignés selon nos besoins.
Ces efforts devront bien sûr se poursuivre mais je suis décidé à ce qu’ils ne se fassent pas au détriment de la qualité des soins ni des professionnels. Je sais la part que les pharmaciens ont pris dans le développement du générique et je tiens à saluer leur effort et leur implication dans la réussite du plan médicament. Nous devons tendre vers une juste répartition des gains qu’entraîne le développement du générique, entre l’Assurance maladie et les mutuelles d’un côté et les officines de l’autre. Il est légitime que les pharmaciens, moteurs du générique, en bénéficient mais il ne faut pas oublier que le principal bénéficiaire doit être notre système de sécurité sociale. La hausse moyenne du prix des médicaments remboursés (17 % sur les périodes 1998-2002 et 25 % sur la période 2003-2005), la croissance du Répertoire, la nouvelle rémunération de la permanence des soins et le cadre fixé par la convention sont autant de facteurs qui permettent aux pouvoirs publics d’envisager de demander aux pharmaciens des efforts équilibrés.
Compte tenu des mesures prises sur 2006 sur le médicament, à combien estimez-vous l’effort financier fourni par la profession ?
On estime à plus de 2 milliards d’euros les économies à réaliser en 2006 sur l’ensemble des produits de santé. En ce qui concerne les médicaments, j’ai choisi de faire porter l’effort sur la politique du générique, parce que je sais que votre profession peut nous aider à mener à bien l’évolution indispensable de notre système de santé.
Les officinaux ne tenant par leur « objectif génériques » en 2006 resteront-ils sous la menace d’une relance des TFR et, dans ce cas, le CEPS reprendra-t-il la main sur ce dossier au détriment de la convention avec l’assurance maladie ?
Les dépenses de médicament ont été en 2005 encore un des points de croissance les plus importants des dépenses de santé. Nous ne pourrons nous permettre un échec dans ce domaine. Il y va de la capacité de financer les nouveaux médicaments, souvent à un prix élevé, justifié, et de la préservation de l’accès aux soins de tous les patients. Les représentants des pharmaciens m’ont indiqué que l’on pouvait atteindre les mêmes objectifs d’économies en augmentant la pénétration du générique. J’ai choisi de leur faire confiance. Les résultats des premiers mois de 2006 avec près de 65 % de pénétration des génériques montrent que l’objectif des 70 % fin 2006 est réaliste. En cas d’échec de la politique de substitution, nous devrons naturellement en tirer les conclusions et l’application du tarif forfaitaire de responsabilité devra être réexaminée en liaison avec les représentants des syndicats.
Les pharmaciens sont actuellement en discussion avec votre administration concernant les dispositifs médicaux. Pourquoi n’acceptez-vous pas des prix fabricant administrés, comme c’est le cas avec les médicaments ?
Les prix limite de vente ont été fixés pour que les patients ne supportent plus de « reste à charge » sur des dispositifs nécessaires au traitement de maladies chroniques. Chacun des acteurs de la chaîne d’amont, fabricants, grossistes ou distributeurs, devrait en tirer les conséquences et s’adapter, de manière à éviter des situations intenables pour les pharmaciens. J’ai admis qu’il puisse y avoir un temps d’adaptation correspondant à celui de l’écoulement des stocks. J’ai demandé au CEPS d’être vigilant et, si des anomalies persistaient au-delà de ce délai, de proposer des mesures supplémentaires de régulation en amont qui puissent permettre au pharmacien d’être normalement rémunéré et de ne pas être le seul à supporter les conséquences de la limitation des prix.
Aujourd’hui, l’essentiel de la marge du pharmacien est commerciale (liée au prix du médicament). S’il s’oriente vers des missions de santé publique, faut-il modifier cette logique ?
La rémunération des pharmaciens est pour une bonne part directement liée au prix des médicaments qu’ils délivrent. Je n’ai pas d’a priori sur la façon de la fixer, mais toutes ses composantes doivent être prises en compte lors de sa détermination, par exemple celles relevant de la convention, comme la permanence des soins. A ce propos, conscient des attentes des officinaux en matière de revalorisation des gardes de nuit et de week-end, j’ai pris la décision de revaloriser de 50 % l’indemnité de garde par ordonnance dans le TPN, avec notamment un tarif de nuit de 6 euros par ordonnance au lieu de 3,96 euros actuellement.
Un message à faire passer aux pharmaciens ?
Ils jouent déjà un rôle d’éducateur en santé. Et je compte sur eux pour le développer. Avec l’automédication bien sûr, dans laquelle ils seront les seuls professionnels de santé au contact du patient, avec le conseil pharmaceutique, notamment sur le bon usage des produits de santé, et comme partenaires des médecins dans l’expression de l’opinion pharmaceutique. Leur rôle devrait aussi se développer dans la coordination des soins, notamment auprès des personnes âgées et des malades chroniques. Dans les crises sanitaires, ils auront un rôle majeur du rappel des conduites à tenir et la réassurance de la population, et d’ailleurs il est prévu qu’ils reçoivent une formation pour ce faire. Enfin, j’attache une grande importance à la mise en place du dossier pharmaceutique qui fera du pharmacien un acteur majeur de la permanence des soins. J’attends notamment de sa mise en place une diminution importante de l’iatrogénie.
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