Insuffisance cardiaque : l’Assurance maladie implique les officines

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Insuffisance cardiaque : l’Assurance maladie implique les officines

Publié le 20 septembre 2022
Par Matthieu Vandendriessche
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L’Assurance maladie met le paquet sur l’insuffisance cardiaque. Elle lance à partir du 25 septembre et pendant 5 semaines une vaste campagne de communication sur cette thématique. A la télévision, à la radio, dans la presse et sur les réseaux sociaux, le message porte sur les 4 signes d’alerte de l’insuffisance cardiaque : essoufflement inhabituel, prise de poids rapide, œdèmes des pieds, des chevilles et des jambes, ainsi qu’une fatigue excessive. Ces symptômes sont mémorisés au moyen de l’acronyme EPOF.

« Présents isolément, ces quatre symptômes ne sont pas spécifiques de l’insuffisance cardiaque mais leur association ou leur récente survenue sont évocatrices de cette pathologie », martèle l’Assurance maladie, qui a présenté cette campagne ce mardi 20 septembre lors d’une conférence de presse. « Il ne s’agit pas d’être alarmiste, pointe à cette occasion Philippe Müller, président de l’association pour le Soutien à l’insuffisance cardiaque. La prise de poids est nette, de l’ordre de plusieurs kilogrammes en quelques jours. De même, la fatigue relevée est intense. Ce n’est pas celle qui survient après l’accomplissement d’un effort. » Selon ce représentant des patients, les symptômes évoqués s’intègrent facilement dans leur quotidien. Ils ont tendance à attendre qu’ils disparaissent. « Il faut savoir insister auprès de son médecin sur le caractère inhabituel des symptômes ressentis », appuie Philippe Müller.

Dans les bilans partagés de médication

C’est parce que les médecins ne détectent pas forcément ces symptômes qu’ils sont ciblés, au même titre que d’autres professionnels de santé, par un autre volet de cette campagne. Une vidéo reprenant le principal message sera diffusée dans les cabinets médicaux ainsi que dans les officines. Pour les pharmaciens et leurs équipes, un module de formation sera accessible sous forme de PDF interactif transmis par mail dans le courant du mois d’octobre.

Les médecins libéraux sont gratifiés selon leurs résultats sur la prévention secondaire du risque cardiovasculaire dans le cadre de leur rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Et les pharmaciens ? « Nous voulons qu’ils se mobilisent. Ils peuvent initier des actions de sensibilisation ou de détection de ces signes auprès d’un nombre conséquent de patients », souligne Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie. Ce travail peut prendre place au cœur des bilans partagés de médication, lorsque le patient ferait état de sa symptomatologie. « Nous avons construit le cadre, nous allons poursuivre dans les mois qui viennent en travaillant sur l’accompagnement des patients en officine. »

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L’Assurance maladie complète par ailleurs le dispositif en renforçant son service de retour à domicile des patients hospitalisés (Prado), pour lesquels sont planifiés les premiers rendez-vous avec les professionnels de santé en sortie d’hôpital. Elle souhaite mobiliser les structures interprofessionnelles et développer la téléconsultation dans un contexte de pénurie de cardiologues.

Enfin, un autre volet de cette campagne est prévu en 2023. Il sera axé sur les réflexes à adopter par les patients insuffisants cardiaques (observance des traitements, exercice physique, etc.). En France, à ce jour, entre 400 000 et 700 000 patients ne sont pas diagnostiqués.

La pathologie touche 1,5 million de personnes. Elle est à l’origine de 200 000 hospitalisations et de 70 000 décès par an, soit un toutes les 7 minutes. En 2020, les hospitalisations constituaient près de la moitié des dépenses totales de l’Assurance maladie consacrées à cette pathologie, qui représentaient plus de 3 milliards d’euros.