Insécurité : les agressions grimpent en flèche dans les pharmacies

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Insécurité : les agressions grimpent en flèche dans les pharmacies

Publié le 10 avril 2024
Par Christelle Pangrazzi
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L’Ordre des pharmaciens vient de publier son bilan 2023 concernant la sécurité dans les officines. Les agressions sont en hausse de 30 % par rapport à l’année précédente. Quant aux agressions pendant les gardes, elles ont doublé en l’espace de 5 ans. Analyse.

Les actes de délinquance visant les officines sont en augmentation et ils sont assez nettement sous-évalués. Car les pharmaciens ne déclarent pas systématiquement les incivilités ou agressions de faible intensité que subissent les équipes officinales. En outre, plus de 46 % des victimes choisissent de ne pas déposer plainte notamment par manque de temps, peur des représailles, absence de l’identité de l’agresseur…

Un nombre d’agressions inédit depuis 5 ans

En 2023, l’Ordre a eu connaissance de 475 agressions soit une augmentation de 30 % par rapport à 2022 et de 40 % par rapport à 2018. Des pics ont été enregistrés en juin et en juillet. Ils correspondent à la période des émeutes urbaines : 64 structures ont été vandalisées. Mais seuls 25 pharmacies et 1 laboratoire de biologie médicale ont fait une déclaration à l’Ordre. Les ¾ des agressions ont lieu pendant les horaires d’ouverture des officines. Elles ont également augmenté pendant les gardes.

Des causes d’agression multiples

Les injures, les menaces ou les agressions physiques ont pour causes principales un refus de dispensation, des difficultés de prise en charge, des pénuries de produits de santé.

Les atteintes aux biens (vols tentés, commis et dégradations) concernent l’argent, les médicaments (stupéfiants, anxiolytiques, antalgiques…) mais aussi les produits de parapharmacie.

3 régions particulièrement touchées

En 2023, 3 régions concentrent la moitié des agressions subies : l’Île-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et la région Auvergne Rhône-Alpes.

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Jusqu’à 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison pour les agresseurs

« L’année passée a été marquée par une prise de conscience de tous les acteurs et notamment des pouvoirs publics », note Gildas Bernier, référent national sécurité et membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. En effet, face aux violences croissantes à l’encontre des soignants une proposition de loi déposée par le député Philippe Pradal a été adoptée en première lecture. Elle vise à vise à renforcer les peines encourues dans le cas d’agressions commises contre les soignants. Ainsi en cas d’incapacité de travail (ITT) de plus de 8 jours d’un personnel, l’agresseur risquera par exemple jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Toute insulte contre un professionnel de santé sera punie d’une amende maximum de 7 500 euros. Enfin, Le texte ouvre la possibilité à l’employeur d’un professionnel de santé ou d’un autre membre du personnel de déposer plainte à sa place, avec son accord écrit, pour certaines infractions.