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Indus, rémunération des interventions pharmaceutiques, fraudes… L’intérêt insoupçonné de l’ordonnance numérique
La fraude aux prescriptions pèse sur l’économie de la santé et les indus pèsent, eux, sur l’activité officinale. En 2024, la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) évaluait à plusieurs centaines de millions d’euros les pertes liées aux ordonnances frauduleuses ou mal interprétées. Avec le QR code unique, flashable une seule fois, la falsification devient tout simplement impossible.
« L’ordonnance numérique, c’est une garantie contre la fraude et un outil qui protège aussi bien les patients que les professionnels de santé », a insisté Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Cnam, le samedi 8 mars 2025, pendant le salon PharmagoraPlus, lors de la table-ronde Le numérique en santé en officine en 2025 : quels enjeux et avancées concrètes pour 2025 ?.
Grâce à son intégration directe dans les logiciels officinaux, l’ordonnance numérique fiabilise la dispensation et met fin aux erreurs de lecture et aux incompréhensions liées aux prescriptions manuscrites. « Moins d’erreurs, plus de sécurité pour le patient et une protection accrue pour le pharmacien », résume-t-elle.
Une réponse aux enjeux de cybersécurité
Le secteur de la santé est l’une des cibles privilégiées des cyberattaques. Face à ce risque croissant, l’ordonnance numérique s’inscrit dans une dynamique globale de sécurisation des données. La confidentialité des informations médicales devient une priorité absolue.
« Aujourd’hui, la sécurisation des données de santé est une exigence. Nous ne pouvons plus tolérer des failles dans le système », affirme Marguerite Cazeneuve.
L’usage des canaux non sécurisés demeure préoccupant. « Il est encore trop fréquent de voir des ordonnances circuler via des adresses Gmail. Cette pratique doit cesser. » Mon Espace Santé offre une alternative fiable et conforme aux exigences de protection des données.
Sur le plan financier, ce dispositif améliore également la traçabilité des transactions. En réduisant les erreurs de facturation et les risques de fraude, il garantit une transparence totale des remboursements et des honoraires des officines.
Une adoption qui tarde à se généraliser
Si fin 2024, 26 000 prescripteurs libéraux utilisaient déjà l’ordonnance numérique, seuls 8 200 pharmaciens s’étaient réellement appropriés le dispositif. L’Assurance maladie ne finance pas systématiquement l’achat des scanners nécessaires à la lecture des QR codes des ordonnances numériques. Cependant, une prise en charge de 40 euros est prévue pour les officines en situation économique difficile et qui ne seraient pas encore équipées, afin de garantir leur accès au dispositif.
« Nous avons les outils, il faut maintenant les utiliser ! » martèle Marguerite Cazeneuve. Un accompagnement renforcé est prévu pour accélérer cette transition et rendre l’ordonnance numérique incontournable en pharmacie.
Une extension progressive des prescriptions sécurisées
Depuis 2025, les prescriptions d’opioïdes, dont le tramadol, sont obligatoirement numériques. Ce premier pas préfigure une extension à d’autres classes de médicaments sensibles.
« Nous savons que la fraude sur certains médicaments reste un problème. Il est évident que cette obligation va s’étendre à de nouvelles molécules », anticipe Marguerite Cazeneuve.
Cette évolution s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre la fraude médicamenteuse. « L’ère du papier touche à sa fin, et c’est une avancée majeure pour le bon usage du médicament », assure-t-elle.
Vers une rémunération des interventions pharmaceutiques ?
L’ordonnance numérique ne se limite pas à garantir la conformité des prescriptions. Elle pourrait également ouvrir la voie à une reconnaissance financière du rôle du pharmacien.
« Nous avons un enjeu clé : mieux reconnaître et valoriser le rôle du pharmacien dans le parcours de soins. L’ordonnance numérique permet cette traçabilité et peut à terme justifier une rémunération pour ces interventions », indique Marguerite Cazeneuve.
Correction d’une erreur de prescription, adaptation d’un traitement, suivi du patient : des actes qui pourraient être valorisés financièrement grâce à la traçabilité offerte par l’ordonnance numérique. « Les pharmaciens ne sont pas de simples exécutants, ils ont un rôle crucial d’accompagnement et de sécurisation du parcours de soins », insiste-t-elle.
Une mutation inéluctable
Outil technique, l’ordonnance numérique redéfinit aussi l’exercice officinal, entre renforcement de la sécurité, lutte contre la fraude et évolution des missions du pharmacien. « Elle n’est plus une option, mais une nécessité », conclut Marguerite Cazeneuve.
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