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Il serait malvenu de se plaindre
Si la négociation du volet économique de la nouvelle convention nationale pharmaceutique s’annonce compliquée en 2023, c’est notamment parce que la rémunération des officines et de leurs titulaires a atteint un niveau historiquement élevé en 2021. Explications.
Est-ce immérité ? Injurieux ? « La profession a mis du cœur à l’ouvrage afin de remplir au mieux les nouvelles missions qui lui ont été confiées pendant la crise sanitaire », rappelle Philippe Becker, consultant pour le département pharmacie de Fiducial. Une hausse qui fait écho au slogan de la campagne présidentielle française de 2007 utilisé par Nicolas Sarkozy : « Travailler plus pour gagner plus ».
En 2020, les revenus des titulaires se sont maintenus ; en 2021, ils ont grimpé de 10,29 %, selon les statistiques de Fiducial. Les gérants se sont logiquement rémunérés davantage, « leur rémunération annuelle moyenne est passée de 56 379 à 62 180 € », précise Philippe Becker. Le cumul des impacts positifs des activités « Covid-19 » et de l’augmentation de l’activité traditionnelle marquée par le retour à la normalité de la consommation de soins a tiré les revenus des pharmaciens vers les strates financières supérieures. Ainsi, 45 % des gérants bénéficient d’une rémunération annuelle comprise entre 35 000 et 61 000 € contre 52 % dans cette tranche en 2020. Où sont passés les 7 % ? Une partie a sauté dans la tranche immédiatement supérieure : 23 % des titulaires se rémunèrent désormais entre 61 000 et 87 000 € annuellement contre 19 % en 2020. Au sommet de l’échelle, la tranche des gérants, qui perçoivent une rémunération annuelle supérieure à 113 000 € est en hausse de 6 à 9 % en 2021.
Le montant des rémunérations est proportionnel à celui du chiffre d’affaires hors taxes (CA HT), cette corrélation se confirmant d’année en année. « La rémunération moyenne du gérant est en progression dans toutes les catégories de CA. Les pharmacies ayant leur CA compris entre 750 000 et 1 050 000 € sont toutefois celles qui ont vu le revenu moyen de leur gérant croître le plus, à hauteur de + 34,66 %, à 48 992 € », rapporte Philippe Becker.
Compte tenu du poids croissant des cotisations sociales des travailleurs non salariés, les pharmaciens titulaires sont incités à sortir du régime fiscal de l’impôt sur le revenu. « Pour les officines soumises à l’impôt sur les sociétés, le résultat est en très forte progression (+ 34,2 % en valeur), en tenant compte d’un niveau moyen de rémunération pour un titulaire de l’ordre de 85 000 € en 2021, note Emmanuel Leroy, leader national santé chez KPMG. Ce n’est pas pour autant que les titulaires ont répercuté l’augmentation du volume de marge dégagé par les nouvelles missions sur leur rémunération. » Cependant, Olivier Delétoille, expert-comptable du cabinet AdequA, pense que, dans un contexte inflationniste aggravé, « les pharmaciens seront naturellement tentés d’augmenter leurs rémunérations pour maintenir leurs revenus en 2023 ».
Il ne faut pas confondre rémunération de l’officine et rémunération du titulaire. En 2023, les syndicats pharmaceutiques entendent négocier une revalorisation de la rémunération officinale dans un but précis : rendre la filière officine plus attractive. « Il manque 10 000 à 15 000 emplois en officine. La problématique actuelle est d’avoir des moyens suffisants pour recruter et consolider les équipes afin d’assumer les nouvelles missions pharmaceutiques qui nous sont confiées », explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
CONTRIBUTEURS
PHILIPPE BECKER
(Fiducial)
PHILIPPE BESSET
(FSPF)
EMMANUEL LEROY
(KPMG)
OLIVIER DELÉTOILLE
(AdequA)
L’analyse
Interfimo a analysé 670 dossiers et comparé la rémunération des titulaires en 2021 avec celle de 2016. Le déplacement des rémunérations vers le haut de l’échelle est notable en 2021. Au-dessus de la tranche de rémunération annuelle nette moyenne (hors charges des travailleurs non salariés, TNS) de 70 000 à 90 000 €, on retrouve près de 23 % des rémunérations pour 2021 des titulaires exerçant en société d’exercice libéral (SEL) contre 19,5 % en 2020 et 21,5 % en 2016.
La part des rémunérations inférieures à 30 000 € est passée de 7,2 % en 2016 à 3 % en 2021. Cette part était de 4,4 % en 2020. A l’opposé, les titulaires gagnant plus de 150 000 € représentent 5,4 % de l’échantillon en 2021, soit une part presque identique à celle de 2016 dans cette tranche de rémunération (5,5 %).
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