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« Il faut remettre en mouvement la profession »
Jean-Pierre Barbier, 51 ans, pharmacien titulaire dans l’Isère à La Côte-Saint-André, a été élu député pour la première fois le 17 juin dernier. Interview d’un vieux briscard de la politique.
LE MONITEUR : Pourquoi êtes-vous entré en politique ?
JEAN-PIERRE BARBIER : Après mon installation en 1993 à la Côte-Saint-André (je suis originaire du secteur), j’ai tout de suite intégré des cercles d’élus. En 1995, je me suis présenté aux élections municipales à Penol, une commune de 300 habitants dans laquelle je réside. J’ai été élu maire. En 2001, j’ai été élu président de l’intercommunalité et en 2005 et en 2008, élu et réélu au conseil général. Si on est pharmacien d’officine et que l’on n’aime pas les gens, il ne faut pas devenir pharmacien. La politique, c’est la même chose. J’aime rencontrer les gens, discuter, argumenter. Chaque fois que je me suis présenté, j’ai été élu !
Qu’avez-vous ressenti la première fois dans l’hémicycle ?
J’ai pensé à mes parents, qui sont décédés. Ils n’auraient jamais imaginé, quand j’étais gamin, que je serais un jour député. L’Assemblée nationale est un lieu chargé d’histoire. Vous vous dites que, très modestement, vous, 1 député parmi 577, allez participer à un bout d’histoire du pays. C’est aussi une grande responsabilité.
Pourrez-vous concilier politique et travail à l’officine ?
Je serai le jeudi à l’officine. Avoir un travail à côté est une chance pour un élu, car je suis confronté aux mêmes problèmes que les gens : les relations avec la banque, les problèmes de prêt, etc. On est plus impliqué, on est, si j’ose dire, « dans la vraie vie avec de vrais gens ».
En tant que pharmacien et député, que pensez-vous de notre système de santé ?
La répartition officinale sur le territoire est bonne. Mais, aujourd’hui, notre économie est tellement fragile et fragilisée de l’intérieur que, si jamais on autorise plus de créations, comme le proposent certains sénateurs*, on va encore plus fragiliser le système. Alors qu’il y a des officines qui déposent le bilan, demander à en ouvrir plus me paraît un non-sens. La pharmacie est le premier relais du système de santé, et je trouve incompréhensible que dans le cursus de formation initiale il n’y ait pas une place plus grande pour la sémiologie. Si nous ne nous recentrons pas sur notre cœur de métier, l’avenir de la pharmacie ne va pas être extraordinaire, compte tenu, par exemple, de la désertification médicale, qui est un vrai souci. La Loi HPST va dans le bon sens, elle élimine tous ceux qui font de la pharmacie comme M. Leclerc. Mais, ce qui me pèse, c’est que l’on n’intègre pas l’esprit de cette loi dans le cursus. Les pharmaciens actuels ne sont pas formés aux nouvelles missions et ne sont pas beaucoup poussés par ceux qui sortent de la fac. Il faut remettre en mouvement la profession.
Voyez-vous d’un bon œil les honoraires de dispensation ?
La reconnaissance de l’acte pharmaceutique est très importante. Je suis néanmoins très prudent. Je n’ai pas connu une seule politique de financement favorable à la pharmacie.
Etes-vous favorable à l’ouverture du capital des officines ?
La situation financière de l’officine est inquiétante. Pourra-t-on l’éviter ? Ce qui est important, ce sont des officines avec des pharmaciens dedans. Dans un système libéral, le pharmacien peut avoir le choix d’ouvrir ou non le capital. Pour peu de rester majoritaire en capital et en droit de vote.
Que pensez-vous de la « relance » du générique ?
La seule méthode est d’imposer aux médecins la prescription en DCI. Nous avons le médicament le moins cher d’Europe, nous ne sommes laplus les champions de la consommation, les pharmaciens sont sur tout le territoire, nos remises sont encadrées. On ne peut pas tout avoir. La distribution des médicaments a un coût et, aujourd’hui, il est acceptable. Il faut que le bon équilibre soit trouvé entre l’industrie, les grossistes-répartiteurs et l’officine.
Dans l’opposition, quel rôle allez-vous jouer à l’Assemblée ?
Sur des sujets très politiques comme la santé ou l’immigration, chacun a ses idées. En revanche, quand on traite du financement de la Sécurité sociale et des dépenses d’assurance maladie, il s’agit de l’intérêt général. Il faut se poser les bonnes questions et ne pas être dans l’opposition systématique.
* Proposition de loi déposée le 9 mai 2012 par la sénatrice UMP du Var Christiane Hummel (voir « Le Moniteur » n° 2938).
Bio express
• Né le 11 novembre 1960.
• Diplômé de la faculté de pharmacie de Grenoble le 25 octobre 1985.
• Installation en 1993 à La Côte-Saint-André (Isère), commune de 5 000 habitants (3 officines au total). Il emploie 12 salariés, dont 2 adjoints, 6 préparateurs, une apprentie bac pro et une personne chargée de l’administratif.
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