Homéopathie : le déremboursement puis la disparition programmée ?

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Homéopathie : le déremboursement puis la disparition programmée ?

Publié le 8 juillet 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Le déremboursement de l’homéopathie n’est toujours pas acté, dix jours après que la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé a rendu son avis scientifique. Cependant, un second round est déjà en préparation : celui de la disparition de l’homéopathie.

Tout juste réélu à la tête du Conseil national de l’Ordre des médecins, le Dr Patrick Bouet l’a annoncé dans une conférence de presse mercredi 3 juillet : l’instance ordinale s’interroge sur le droit au titre d’homéopathe, et donc sur la reconnaissance de la mention « homéopathie ». Un rapport est attendu pour octobre prochain. Le titre de médecin homéopathe pourrait ainsi disparaître, sans que la mesure soit rétroactive.

La sentence est déjà prononcée du côté du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Dans un courrier adressé le 4 juillet à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et le la Recherche, les médecins généralistes universitaires demandent sans détour la suppression des enseignements d’homéopathie des facultés de médecine ou de pharmacie : « Ce type de pratique nuit principalement à la médecine générale en détournant de jeunes médecins des bonnes pratiques et en véhiculant une image archaïque de la discipline. La responsabilité de l’université est également de ne pas encourager les patients dans de fausses croyances qu’il convient de discuter avec empathie sans les accréditer. » Et le CNGE de condamner « l’absurdité des contenus » d’une pratique « véhiculant des aberrations grossières aux antipodes de la démarche scientifique. » Il accuse même : « Une enquête sur les contenus de ces enseignements délivrés dans les murs des facultés serait la bienvenue car elle aurait des conclusions accablantes si jamais elle était conduite. »

Les mutuelles pas d’accord

« Le déremboursement n’est pas à la hauteur du sujet », arguent les Mutuelles de France dans un communiqué du 4 juillet. Pour les complémentaires, l’homéopathie, bien que sans effet thérapeutique autre que l’effet placebo, reste utile, et le débat est ailleurs : « c’est la dérive de la communication des industriels du secteur et de certains praticiens, qui présentent l’homéopathie comme une alternative aux traitement médicamenteux, voire aux vaccins, qui pose un problème de santé publique ». Et ce mésusage peut coûter cher, il est « sans aucun doute beaucoup plus élevé [que le remboursement de l’homéopathie], mais non évalué. Sans parler du coût humain en pertes de chances, d’augmentation de la morbidité et de la mortalité, qui ne peut se résumer à un chiffrage financier. »

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Un mésusage qui pourrait s’aggraver si l’homéopathie sort du circuit médical et pharmaceutique et est laissé aux mains des « thérapeutes » non médicaux, comme c’est le risque avec une suppression des DU des universités. Dans un communiqué commun, les Académies nationales de médecine et de pharmacie recommandaient en mars un entre-deux : la suppression des diplômes universitaires d’homéopathie, et en remplacement « d’inclure ou de renforcer dans les études de médecine et de pharmacie un enseignement – obligatoire dans le 2e cycle, optionnel dans les 3es cycles – dédié à la relation médecin-malade, à ses effets non spécifiques, aux effets placebo avec attente, aux effets bénéfiques du conditionnement et au bon usage des médecines complémentaires intégratives ».