Halte aux faux-semblants

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Halte aux faux-semblants

Publié le 2 novembre 2024
Par Audrey Chaussalet
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La Cour des comptes enquête à nouveau sur l’état du réseau officinal. Un rapport sera présenté en mars prochain. La FSPF et l’USPO espèrent cette fois-ci pouvoir en utiliser les conclusions pour adresser leurs revendications auprès de l’Assurance maladie et du gouvernement.

 

 

Dire que le dernier rapport de la Cour des comptes sur l’état du réseau officinal, rendu public le 20 septembre 2017, n’a pas laissé un souvenir impérissable à la profession est un euphémisme. Les rapporteurs avaient alors estimé que le maillage pharmaceutique était surdimensionné et proposaient de supprimer 10 435 officines sur un total de 22 000 à l’époque. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) parlait alors « d’un véritable programme de destruction massive des officines ». Qu’en sera-t-il en mars prochain, dans le rapport à venir ? La FSPF et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) espèrent cette fois que « le regard de la Cour sur la pharmacie a changé au vu des arguments [que ces syndicats ont] présentés aux rapporteurs de la rue Cambon, début octobre », explique Philippe Besset, président de la FSPF. Force est de constater que la situation n’est plus la même sept ans plus tard. L’installation, le capital, le maintien du maillage territorial, les règles actuelles et l’évolution du secteur ont été abordés. « La Cour des comptes défend bien sûr sa vision d’économiste, mais nous avons bon espoir que ce nouveau rapport nous projette dans l’avenir », poursuivent les responsables.

La situation économique de l’officine a changé

 

Pour Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, cette audition a été l’occasion de dénoncer une nouvelle fois l’avenant économique n° 1 à la Convention nationale pharmaceutique, qui ne prévoit pas, selon lui, de financements suffisants : « Nous n’avons pas signé cet avenant, car il va tuer les pharmacies. Même le président du tribunal de commerce de Nanterre s’émeut du nombre grandissant de défaillances d’officines. Nous espérons pouvoir nous appuyer sur le rapport de la Cour des comptes pour demander un avenant n° 2. » Les dernières projections évoquent en effet le chiffre de 300 fermetures depuis le début de l’année 2024 après que le réseau est descendu sous la barre symbolique des 20 000 officines en 2023. Quant au chiffre d’affaires du réseau, hors médicaments chers, il a dégringolé de 4,5 % sur 12 mois glissants, entre septembre 2023 et septembre 2024, pour s’établir à 1 739 550 € (contre 1 821 123 € en 2022 et 1 602 220 € en 2021), selon la coopérative Ospharm. La marge des officines est, elle aussi, en chute libre (- 8,25 %), et s’élève à 29,23 % en 2023, selon le cabinet d’expertise comptable CGP. En 2022, elle était de 32,50 %. Et toutes les typologies d’officine sont concernées, quels que soient leur niveau de CA ou leur emplacement géographique.

 

Dans le passé, « lorsqu’il y a eu conjonction entre ce que pensaient les représentants des professionnels et ce que pensait la haute administration, les choses ont avancé favorablement. Le rapport sur les pharmacies d’officine remis par l’Inspection générale des affaires sociales en 2011 avait, par exemple, permis de transformer le modèle de la pharmacie. Gageons qu’il en sera de même avec ce nouveau rapport de la Cour des comptes », escompte Philippe Besset.

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