Grève du 30 mai : les organismes de formation s’allient à la mobilisation

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Grève du 30 mai : les organismes de formation s’allient à la mobilisation

Publié le 27 mai 2024
Par Alexandra Blanc
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Témoin privilégié des difficultés rencontrées par les pharmaciens, l’Union nationale des organismes de formation des équipes officinales (Unoformation) a décidé de soutenir le mouvement gréviste. Marie-Pierre Béranger, présidente de l’association et Anne Basuyau, secrétaire, expliquent les raisons de ce ralliement et rappellent leur soutien total aux officinaux.

Pourquoi l’Unoformation souhaite-t-elle rejoindre la mobilisation ?

L’association rassemble des organismes qui interviennent spécifiquement auprès des équipes officinales. Nous partageons les valeurs de cette profession et nous les relayons. Tout ce qui malmène l’officine nous touche. Nous assistons à une évolution majeure du métier : les nouvelles missions se multiplient exigeant une montée en compétence des équipes. Or, ces mutations profondes deviennent presque irréalisables en raison d’un contexte délétère : les pharmacies ne trouvent plus de salariés, les prescripteurs manquent et le modèle du maillage à la française, longtemps salué, vacille. Les organismes de formation interviennent partout en France, jusque dans les territoires les plus isolés. Nous voyons et entendons les problèmes des pharmaciens. Ils sont autant exprimés par les titulaires que par les salariés. En outre, l’anxiété est aussi manifeste du côté des patients assistant impuissants à la dégradation du système de santé. Il est de notre mission de relayer l’ensemble de ces problèmes et de nous tenir aux côtés de de la profession.

En quoi les difficultés des pharmacies obèrent-elles leur formation ?

De plus en plus, les équipes sont contraintes à se limiter à leur seule obligation de formation. En effet, il est très difficile de libérer du temps pour se former lorsque l’officine manque de personnel et que la santé économique de l’entreprise est précaire. Désormais, nous sommes confrontés à un paradoxe : d’un côté, il y a une forte pression institutionnelle pour amener les pharmaciens vers de nouvelles missions, de l’autre, les autorités ne mettent pas en place les moyens de leurs ambitions. Très concrètement : une fois formés, des stagiaires, même très motivés, n’ont ni les conditions travail, ni les rémunérations idoines pour l’officine pour mettre en pratique leurs acquis. Pourtant, face aux désert médicaux, ces missions répondent à un besoin populationnel de plus en plus impérieux.

Selon vous, la formation pourrait-elle aider les pharmacies à faire face à la menace de la vente en ligne ?

Oui. Elle est une arme de poids. Aider les équipes à améliorer les relations avec leurs patients et à valoriser les relations humaines permet de contrecarrer la déshumanisation inhérente à la vente à distance. La formation est plus que jamais indispensable. On doit donner aux pharmaciens le souffle économique et temporel nécessaire pour s’engager dans cette démarche. C’est un cercle vertueux.