Grève des pharmaciens du 30 mai : elle sera très suivie à Paris
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Grève des pharmaciens du 30 mai : elle sera très suivie à Paris

Publié le 30 mai 2024
Par Magali Clausener
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Grève. Ce jeudi 30 mai 2024, la quasi-totalité des officines parisiennes vont baisser le rideau. Les pharmaciens signifient leur ras-le-bol face à des pénuries de médicaments persistantes et des rémunérations trop faibles des honoraires de dispensation et des missions.

« Je rejoins le mouvement national de grève pour avoir accès aux médicaments qui sont en forte tension depuis plus d’un an et demi, notamment toute la partie antibiotiques mais aussi les traitements pour les patients diabétiques qui sont extrêmement importants, et qui nous contraignent à nous appeler entre confrères plusieurs fois par jour et à orienter nos patients vers les confrères qui ont des stocks dans le meilleur des cas. Aujourd’hui, le pharmacien se démène et le patient court partout », explique Eric Fauvel, titulaire de la Pharmacie des Grandes carrières, dans le 18e arrondissement de Paris. « Ce qui nous dérange le plus ce sont les pénuries de médicaments. On a l’impression que nous ne pouvons plus faire notre travail. Au lieu de conseiller les patients, on ne fait qu’appeler les laboratoires, les confrères. Et finalement, nous n’avons pas la capacité de fournir les traitements aux patients, ce qui est très embêtant », abonde Brigitta Pierrot, adjointe à la Pharmacie de l’Eden, dans le 18e également.

Des missions chronophages et mal rémunérées

La revalorisation des honoraires est la deuxième grande raison avancée par les pharmaciens interrogés. « On se bat aussi pour la revalorisation de nos honoraires qui n’ont pas suivi l’inflation et qui amène des problématiques économiques pour les officines », affirme Eric Fauvel.

« Je me suis formée pour la prescription et l’administration des vaccins, mais je ne propose pas cette nouvelle mission car elle très chronophage et mal rémunérée. L’Assurance maladie raisonne en termes d’économies mais pas de services rendus à la population », explique une titulaire d’une autre officine de l’arrondissement. Brigitta Pierrot évoque aussi la vaccination qu’elle réalise mais qui prend du temps. « Nous avons désormais énormément de missions. On nous demande beaucoup, on aime les challenges, mais derrière on n’est pas rémunérés ».

Etre solidaire

Les fermetures d’officines et la mise en danger du maillage officinal font également partie des inquiétudes des titulaires. « Il faut garantir que le réseau puisse rester tel qu’il est aujourd’hui, particulièrement dans les territoires plus isolés », souligne Eric Fauvel qui, bien qu’exerçant à Paris, met en avant les difficultés économiques de ses confrères qui ne peuvent pas embaucher un adjoint et sont donc sur le pont 6 jours sur 7. Une autre titulaire met aussi en avant les risques de financiarisation. « Il faut être solidaire », insiste Brigitta Pierrot. Une solidarité qui devrait inciter la quasi-totalité des pharmacie de Paris à tirer le rideau. « Nous devrions être tous fermés dans le 18e à l’exception de la pharmacie réquisitionnée », remarque Eric Fauvel. Dans le 17e arrondissement, le mouvement va être très suivi. « Les 4 ou 5 pharmacies autour de moi ferment », observe cette titulaire proche du métro Courcelles. « Je fais partie d’un groupe de pharmaciens sur les réseaux sociaux et 13 ferment, 5 non et 6 ne savent pas encore », explique un pharmacien installé quelques centaines de mètres plus loin, interrogé le 29 mai. Beaucoup ont d’ailleurs mis en vitrine ou sur la porte de leur pharmacie l’affiche sur la grève. La pharmacie de l’Eden n’a pas hésité à communiquer sur grand écran en vitrine.

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Et les patients ? Ils comprennent le mouvement et y sont favorables. « Ils devraient même faire grève trois jours de suite, déclare une jeune patiente. S’il n’y a plus de pharmacies, on ne peut plus avoir nos traitements. Les médecins sont importants mais les pharmaciens aussi ! On ne peut rien faire sans eux. Ils doivent se faire entendre. »