Grande distribution : Leclerc a-t-il de nouveau des vues sur le monopole pharmaceutique ?

© Getty Images

Socioprofessionnel Réservé aux abonnés

Grande distribution : Leclerc a-t-il de nouveau des vues sur le monopole pharmaceutique ?

Publié le 13 décembre 2023
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Invité de BFMTV le 10 décembre, Michel-Edouard Leclerc ne serait pas contre l’installation de cabines de téléconsultation dans les grandes surfaces. Et redemande la création d’une section ordinale pour les pharmaciens de la grande distribution.

Interrogé sur l’inflation et les évolutions de la consommation, Michel-Edouard Leclerc a pointé la baisse du pouvoir d’achat : « Les premières dépenses qui ont augmenté en 2023 sont les dépenses contraintes : les transports, l’énergie, les loyers, les assurances… Du coup, les arbitrages se font plus sur le textile, l’alimentaire, et plus grave encore sur la santé. On va moins chez le dentiste, on ne va pas faire certifier que le petit bobo n’est qu’un petit bobo. », a déclaré le patron de la grande distribution.

Téléconsultation et pharmaciens

« Je trouve intéressant que la SNCF propose des cabines de télémédecine », a-t-il enchaîné. Un journaliste a alors rappelé que Michel-Edouard Leclerc avait proposé d’avoir de telles cabines dans ses magasins dans les territoires où il y avait des déserts médicaux. « Je pense que c’est dans la continuité de ce que l’on fait dans la parapharmacie, c’est vraiment quelque chose que l’on pourrait développer », a confirmé Michel-Edouard Leclerc. Quid de l’opposition des médecins et des pharmaciens à un tel projet ? « Les pharmaciens ne veulent pas que Leclerc ou Carrefour vendent de la parapharmacie sans « vrai » diplômé de pharmacie. Nous, nous disons chiche. On prend des pharmaciens mais arrêtez de leur taper dessus. Ouvrez dans l’Ordre des pharmaciens une section des pharmaciens de la distribution comme il y a une section des pharmaciens de l’industrie ou de la recherche », a-t-il lancé.

Maillage et monopole remis en question

Une proposition qui n’est pas nouvelle. Car les velléités de Leclerc de vendre des produits de pharmacie réservés au circuit officinal ainsi que des médicaments datent d’il y a 20 ans. Ses propos ressurgissent au moment où le député Marc Ferracci (Renaissance) prépare un rapport sur les professions règlementées qui inquiète fortement l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, revient d’ailleurs sur le sujet dans son « mot du président » du 12 décembre 2023. « Selon nos informations, les travaux porteraient, pour l’heure, sur la remise en cause du maillage officinale, la possibilité de vendre des médicaments en grande surface et sur la libéralisation de la vente en ligne », explique-t-il. Et de déplorer que le député ait refusé de rencontrer le syndicat. « Si M. Ferracci avait accepté de nous recevoir, nous lui aurions rappelé que ces trois piliers [loi de répartition démo-géographique, monopole pharmaceutique et indépendance financière, NdlR] assurent la sécurité des patients, un accès aux soins rapide et homogène sur l’ensemble du territoire et sont un rempart contre la financiarisation de la pharmacie, insiste Pierre-Olivier Variot. Nous lui aurions également indiqué que le réseau officinal est essentiel dans un contexte de désertification médicale, et que les pharmaciens sont des professionnels de santé engagés pour accompagner les patients au quotidien dans le bon usage de leurs traitements, pour répondre aux soins non programmés, mais également dans des stratégies de prévention et de dépistage. »

Et de conclure : « La survie et l’avenir du réseau officinal sont entre nos mains. Pour obtenir une revalorisation économique à la hauteur de l’investissement des officines, pour faire reculer les menaces de la dérégulation, une mobilisation unanime et à la hauteur des enjeux sera nécessaire ».

Publicité