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© Getty Images/iStockphoto
Génériques : un boycott pour dire stop
Une première en 25 ans d’histoire du médicament générique. Les syndicats pharmaceutiques, le Leem (Les Entreprises du médicament) et le Gemme (association des génériqueurs) ne siègeront pas, jeudi 26 janvier, au Comité de suivi des génériques pour protester contre la politique des baisses de prix sur les médicaments matures. Devenue insoutenable, elle est aujourd’hui tenue pour principale responsable de l’accélération des ruptures de médicaments en France. Explications.
« Nous sommes arrivés à l’os », alerte de façon imagée Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Le médicament est la seule variable d’ajustement pour contenir les dépenses de santé. » Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est dans le même état de révolte : « Le scénario que nous vivons sur les ruptures porte sur des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur », s’agace-t-il, alors que l’Assurance maladie réserve de moins en moins de place aux médicaments dans son budget 2023. « Il faut trouver d’autres voies que les baisses de prix des médicaments matures pour financer l’innovation, et sans que ce soit au prix de ruptures sur les médicaments de première intention », exhorte le président de la FSPF.
« Nous ne pouvons plus prendre les vagues des baisses de prix sans broncher, il faut désigner les coupables (le Comité économique des produits de santé, NdlR) et expliquer à la population pourquoi les pharmacies n’ont plus ces médicaments et pourquoi les ruptures vont proliférer dans l’avenir », défend Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), qui s’associe, comme Federgy, au mouvement de protestation et à la campagne d’affichage en officine lancée par l’USPO lundi 23 janvier.
A l’étranger, les prix des médicaments matures augmentent
Principale cible des baisses de prix, les industriels du générique sont aujourd’hui étranglés : en 2023, les baisses de prix vont représenter 67,4 M € et vont devoir faire face à une clause de sauvegarde record de 150 M€ additionnels. « Chaque acteur du générique a aujourd’hui 150 à 200 médicaments en marge négative », glisse Stéphane Joly, président du Gemme. Avec le risque de voir des lignes de fabrication s’arrêter et les façonniers emboîter le pas. Alors que le prix moyen d’une boite de médicaments générique est de 2,85 €, les industriels des médicaments matures ne seront donc plus en capacité d’assurer leurs engagements en matière de souveraineté sanitaire.
L’Etat est-il prêt à changer de stratégie ? On peut en douter. En décembre dernier, le CEPS a fixé le cap : des baisses drastiques pour 2023 sur 7 molécules et non des moindres, dont le bisoprolol, la metformine, l’atorvastatine, le pantoprazole, l’ésoméprazole… Cette dernière molécule a essuyé 7 baisses de prix en 10 ans, passant de 33 € à 3,36 €.
« Il faut repenser la stratégie du médicament dans une dynamique positive et non dans une stratégie de déflation », lance Pierre-Olivier Variot. C’est la voie choisie en Allemagne et au Portugal pour lutter contre les effets de l’inflation. Ces deux pays ont réévalué les prix de leurs produits matures, indique le Gemme. « Il faut des prix européens pour nos médicaments qui sont trop bas, pour limiter les ruptures et éviter les concurrences délétères, réclame Philippe Besset, précisant qu’en Allemagne, il existe des primes pour l’importation de médicaments.
Le Gemme demande, lui, un moratoire sur les baisses de prix en 2023, des hausses ciblées sur des médicaments à faible prix, d’intérêt thérapeutique majeur, fabriqués en France ou en Europe, et une accélération du développement des biosimilaires et des médicaments hybrides ainsi qu’un élargissement du Répertoire des génériques.
Le gouvernement espère jouer l’apaisement avec le secteur pharmaceutique, avec le lancement, ce 25 janvier, de la mission de remise à plat du processus de fixation des prix des médicaments confiée à Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie.
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