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Frédéric Valletoux, un ministre déjà sur les braises

Publié le 17 février 2024
Par Magali Clausener
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Fraîchement nommé ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux est loin de faire l’unanimité. Dès ses débuts, il doit faire face à un secteur en crise.

 

Son nom avait déjà circulé le 20 décembre 2023, lors du départ d’Aurélien Rousseau, mais Frédéric Valletoux s’était fait damer le pion par Agnès Firmin Le Bodo, aujourd’hui sous le coup d’une enquête judiciaire pour avoir reçu des cadeaux des laboratoires Urgo dans le cadre de son exercice de pharmacienne. Si le nouvel occupant de l’avenue de Ségur, nommé ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention le 8 février, n’est pas médecin – contrairement à certaines personnalités auxquelles il succède : Olivier Véran, Agnès Buzyn, François Braun –, cet ancien journaliste de 57 ans connaît néanmoins l’univers des blouses blanches. Il a occupé pendant 11 ans, jusqu’en septembre 2022, le poste de président de la Fédération hospitalière de France, l’organisation représentant les hôpitaux publics.

Un choix éminemment stratégique

 

Pour nombre d’observateurs de la vie politique, le choix de Frédéric Valletoux est éminemment politique. Maire de Fontainebleau entre 2005 et 2022, puis élu député de Seine-et-Marne en 2022, ce père de cinq enfants, identifié à droite, maîtrise parfaitement les rouages de l’hémicycle et des partis. Un atout de taille à l’heure où des sujets sensibles doivent être discutés dans les prochaines semaines : négociations conventionnelles, réforme sur la fin de vie, refonte de l’aide médicale d’Etat, crise de l’hôpital, déserts médicaux, etc. L’homme va malgré tout devoir user de tactique : depuis sa nomination, les médecins n’ont de cesse de rappeler son attitude jugée « cavalière » à leur égard. « Depuis toujours, M. Valletoux, dans ses prises de parole, oppose médecine libérale et médecine hospitalière, rendant responsable les médecins de ville des failles de l’ensemble du système de santé », explique Luc Duquesnel, porte-parole des généralistes de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Récemment sa proposition de loi visant à « améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels » a, une nouvelle fois, suscité l’ire des praticiens libéraux (voir encadré). A l’annonce de sa prise de poste, par voie de communiqué officiel, la CSMF a rappelé sa défiance : « Monsieur le ministre délégué, votre tâche va être immense pour reconquérir la confiance des médecins libéraux. » Difficile d’être plus clair.

 
 
 
 

La loi de la discorde

La proposition de loi visant à « améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels » a, dès son dépôt, éveillé la colère des médecins libéraux. Elle prévoyait la réorganisation de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) avec la participation requise de tous les médecins, ainsi que l’adhésion obligatoire aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). A la suite de la protestation des médecins libéraux, les sénateurs ont finalement remanié ces articles. Un acte fort visant aussi officieusement à ne pas perturber les négociations conventionnelles entre les syndicats médicaux et l’Assurance maladie. La loi dite Valletoux est désormais centrée sur l’hôpital. Elle impose, entre autres, une restriction de la possibilité d’exercer en intérim en début de carrière pour les professionnels en établissement. Mais elle acte aussi la création d’antenne de pharmacie par les titulaires installés dans une commune limitrophe ou les titulaires de l’officine la plus proche.

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