François Fillon : « Les médicaments dont le service médical rendu est insuffisant ne doivent pas être remboursés »

© François FIllon se positionne sur la pharmacie - DR

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François Fillon : « Les médicaments dont le service médical rendu est insuffisant ne doivent pas être remboursés »

Publié le 8 novembre 2016
Par Loan Tranthimy
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Les six candidats à la primaire de droite ont répondu en exclusivité aux questions du Moniteur des pharmacies sur l’avenir de l’officine. Leurs réponses sur la place du pharmacien dans le système de santé, l’ouverture du capital, la revalorisation de la rémunération ou encore la vente des médicaments dans les grandes surfaces ont été publiées dans notre édition papier du 29 octobre. D’autres thèmes ont été également abordés avec chaque candidat. Après Jean-François Copé, c’est autour de François Fillon de dévoiler ses intentions.

Quel regard portez-vous sur la profession de pharmacien ?

Le pharmacien est un acteur central de la santé publique ! Professionnel hautement qualifié, il a un rôle essentiel dans les soins de proximité. C’est souvent le premier interlocuteur de nos concitoyens sur leurs problèmes de santé. Au-delà de la dispensation des médicaments, il a un rôle de conseil et d’orientation. Enfin, il joue un rôle majeur dans la prévention et l’éducation thérapeutique des malades. Je rappelle que la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » de 2009 a pleinement reconnu le rôle et les missions des pharmacies d’officine. Aujourd’hui, alors que 40 % des pharmaciens ont plus de 56 ans, seulement 30 % des diplômés choisissent l’officine, il est urgent de maintenir l’attractivité de la filière officinale.

Permettriez-vous aux mutuelles de passer des contrats avec des pharmaciens qui proposent des services hors monopole (maintien à domicile, objets connectés, optique, diététique…) ?

C’est un sujet difficile, car le risque de distorsion de concurrence existe et pourrait nuire au maillage territorial.

Souhaiteriez-vous accélérer la dispensation à l’unité des antibiotiques ?

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Faut-il vraiment une dispensation des antibiotiques à l’unité ? Selon les professionnels, l’apparition de bactéries multirésistantes, préoccupation internationale majeure de santé publique, est en partie liée à l’utilisation inappropriée des antibiotiques. Il m’apparaît davantage nécessaire de renforcer la mission d’information du pharmacien sur l’antibiothérapie que de lui imposer une dispensation à l’unité. Pour autant, il faut veiller à un conditionnement  adapté aux prescriptions usuelles, non seulement chez l’adulte mais aussi chez l’enfant. Evitons le gaspillage !

Pour limiter les dépenses de santé, dérembourseriez-vous des médicaments ou baisseriez-vous leur prix?

Les dépenses de santé doivent être contrôlées et les dépenses inutiles écartées. Les médicaments dont le service médical rendu est insuffisant ne doivent pas être remboursés. En revanche, si un médicament rend un service médical important, son coût doit être pris en charge par la collectivité. L’utilisation des génériques et des biosimilaires doit être renforcée : ce sera une première source d’économie.

Faut-il financer à tout prix les médicaments innovants ?

Les médicaments innovants, qui sont malheureusement aussi onéreux, sont une chance car ils viennent bouleverser le traitement de certaines maladies. Sous réserve naturellement de la validation de leur service médical, il faut permettre leur accès à l’ensemble des malades qui en ont besoin. Il faut en trouver alors le juste prix, un prix qui intègre plusieurs éléments : une part de l’économie des dépenses réalisées, le nombre d’années de vie gagnées en prenant en compte la qualité de vie du malade traité et la part du chiffre d’affaires du laboratoire transféré à sa R&D. N’oublions pas que le soutien à la recherche et à l’innovation française est indispensable afin de garder notre souveraineté sanitaire.

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