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Exercice de style difficile pour Xavier Bertrand

Publié le 31 mars 2007
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Dimanche à Pharmagora, les pharmaciens attendaient particulièrement Xavier Bertrand, encore ministre de la Santé pour quelques heures. Mais c’est en tant que porte-parole de Nicolas Sarkozy qu’il a été interviewé par Le Moniteur. Dans l’assistance, nombreuse, pointait une certaine fébrilité. « Je n’ai pas voulu me dérober, a lancé d’entrée un Xavier Bertrand sur la défensive. Ces dernières années ont été des années d’efforts. […] Vous savez que ces efforts ont été partagés par les médecins et les patients. » Et le ministre de rappeler, après avoir défendu son travail de réduction du déficit de l’assurance maladie (huées sur le plateau…), son soutien à la profession pour substituer la voie conventionnelle au TFR généralisé. « Et je n’ai pas écouté les ayatollahs qui voulaient une baisse de votre marge en taux », a juré Xavier Bertrand, tout en admettant que le pharmacien s’est régulièrement retrouvé entre le marteau et l’enclume, notamment au sujet des grands conditionnements.

Concernant le débat interne à l’UMP sur le monopole pharmaceutique, et donc de savoir s’il fallait le préserver, Xavier Bertrand a assuré qu’« une seule personne s’est posé la question à un moment donné à voix haute ».

Le médicament doit rester à l’officine

Quant à l’avenir, il plaide pour plus de transferts de compétences entre médecins et pharmaciens, dont le premier pas fut le renouvellement d’ordonnance pour les maladies chroniques. « La proposition de loi qui sera présentée par Nicolas Sarkozy, s’appuyant sur un rapport de l’IGAS, devrait permettre aux pharmaciens de trouver toute leur place dans le parcours de soins. Je n’imagine pas que ce soit avec les mêmes moyens [financiers] qu’aujourd’hui. Même s’il ne faut pas chercher là de nouveaux gisements de rémunération », a précisé le ministre.

« Toujours le monopole, toujours le quorum, les médicaments doivent être vendus en officine, point à la ligne ! Même l’automédication », a encore martelé le représentant de Nicolas Sarkozy. A noter tout de même que, dans ce registre, on retrouve une position identique dans les discours des deux autres responsables politiques (PS et UDF) invités par Le Moniteur à Pharmagora…

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Enfin, nous souhaitions savoir si le parti au gouvernement entendait donner suite à la demande de la profession de voir revalorisée la troisième tranche de marge. Réponse de l’intéressé : nous ne la réduirons pas (comme cela a été un moment évoqué).

Xavier Bertrand a su ensuite retrouver des accents de campagne électorale : « Il ne faut pas seulement dire où on veut aller mais comment on veut y aller, c’est cela qui crédibilise la parole politique. […] Nous sommes les seuls à dire comment nous allons responsabiliser les assurés sociaux avec notre franchise. » Et, quand l’équilibre de la Sécu sera au rendez-vous, on pourra « investir massivement dans la santé ». Promis.

Au final, le ministre aura réussi à se faire applaudir par un auditoire qui ne lui était pas franchement dévoué. n

Vous pouvez retrouver les commentaires sur la pharmacie des six principaux candidats à la présidentielle dans « Le Moniteur » n° 2670 du 24 mars.