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« En pleine guerre, le mot résilience prend tout son sens »
Mathilde Six, qui a souvent travaillé à l’étranger, a profité du temps libre que procure la vente de sa pharmacie pour s’engager avec une ONG. Depuis janvier, elle exerce en République centrafricaine pour Médecins sans frontières. Un quotidien qui apprend à relativiser.
Après avoir vendu son officine à Bernay, dans l’Eure, Mathilde Six a fait quelques remplacements. Puis la pandémie est apparue et, avec elle, la décision de s’engager dans l’humanitaire. « Il était impossible de voyager alors autant voyager utile », explique la pharmacienne recrutée par Médecins sans frontières (MSF) en janvier dernier pour une mission de « pharmacien projet » en République centrafricaine jusqu’en novembre. « La belle claque humaine a été précédée d’une belle claque climatique, proche de l’équateur. Pas de plan B, que du système D avec des process MSF qui doivent être appliqués identiquement ici et ailleurs. La saison des pluies, les braquages de camions, le Covid-19 et le manque de carburant nous demandent une perpétuelle adaptation », résumait-elle en juillet dernier. « Mais personne ne se fâche, on fait avec. Et c’est une vraie philosophie de vie. En pleine guerre, le mot résilience prend tout son sens ». Son rôle pour l’organisation non gouvernementale (ONG) : distribuer, depuis une pharmacie centrale (un entrepôt), les médicaments à la pharmacie d’un hôpital pédiatrique de la préfecture de Bria et les dispositifs médicaux directement aux services de cet établissement. C’est à elle, épaulée par une équipe de 12 personnes, de contrôler les arrivées et sorties des produits, d’éviter les ruptures, de vérifier la température des réfrigérateurs deux fois par jour…
Une vie en « base »
Autrement dit, cette mission, proche du métier de la répartition, est loin de ses expériences professionnelles précédentes : comme vendeuse dans une boulangerie française en Australie, « pharmacien manager » chez Boots au Royaume-Uni, titulaire puis adjointe en France. Depuis janvier, du lundi au samedi, la baroudeuse quitte sa « base de vie » à 6 h 40 pour rejoindre son bureau et revient avant le couvre-feu de 18 h, sécurité oblige. « Comme le rythme est assez soutenu, je profite du week-end pour un temps d’échange (avec la centaine de personnes vivant à la base) », explique celle qui se définit comme curieuse de l’autre et profite de cette expérience pour prendre du recul. « C’est bien que l’on vaccine et teste en officine en France… Il faut garder cette proximité. Je ne comprends pas les antivax. Ici, on fait la queue pour se faire vacciner », explique-t-elle. De quoi relativiser. En effet.
BIO Mathilde Six
2006 Diplômée à la faculté de pharmacie de Caen (Calvados), option industrie
2012-2019 Titulaire à Bernay (Eure)
2021 Pharmacien chez Médecins sans frontières en République centrafricaine pour une mission de janvier à novembre
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