En Allemagne, les caisses prennent le pouvoir

Les 270 caisses d’assurance maladie du régime général allemandes, qui assurent 90 % de la population, annoncent pour 2006 un excédent de 1,7 milliard d’euros. Deux facteurs sont à l’origine de ce bénéfice qui a augmenté de 50 millions depuis 2005. Grâce à la baisse du chômage, le régime général compte 550 000 assurés supplémentaires et les dépenses de santé ont baissé de 2,6 %, en raison notamment de nombreux déremboursements.

Les caisses n’entendent pas en rester à ces résultats. Conforté par la nouvelle loi de réforme de l’assurance maladie, leur pouvoir s’étend. Alors qu’elles viennent, à l’issue d’un appel d’offres, de signer des accords de coopération avec certains fabricants moyennant des rabais de 30 à 40 % sur les prix (principalement des génériques), elles passent à la vitesse supérieure. Ce sont désormais les médecins qu’elles courtisent en leur promettant de profiter à hauteur de 30 % des bénéfices perçus par les caisses via ces coopérations. Mais à condition qu’ils prescrivent les produits desdits fabricants. Dans ce cas, les patients seront quant à eux exonérés de ticket modérateur (5 à 10 Euro(s) par médicament).

Cette pratique qui a fait hurler à la corruption certaines fédérations de patients ne sera pas sans incident sur l’avenir des délégués médicaux. 8 000 représentants, soit la moitié des effectifs, pourraient être à terme appelés à disparaître. Les caisses traitant directement avec les fabricants et les médecins, le démarchage dans les cabinets devient forcément superflu. Avec la connivence d’anciens représentants médicaux, elles offrent même des séminaires aux médecins afin de leur dévoiler les stratégies de l’industrie pharmaceutique et de les inciter à la vigilance.