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Elections et vaccins : attention, danger !

Publié le 21 avril 2017
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La communication politique ferait-elle mauvais ménage avec la vaccination ? Oui, si l’on en juge par une affaire datant tout de même de plus de 40 ans.

Le 27 janvier 1976, une épidémie d’infections respiratoires est signalée dans la base américaine de Fort Dix, touchant treize GI. Le 4 février, l’un d’eux décède, après avoir effectué une marche forcée nocturne de 8 km malgré sa grippe. Et le 12 février, un des Centers for disease control and prevention (CDC) signale que ce foyer est dû à un virus de la grippe d’origine porcine, proche de celui de la grippe espagnole de 1918.

Le 24 mars, le président américain Gerald Ford lance une campagne de vaccination de masse, avec pour argument : « Pour la première fois, on va pouvoir éviter une pandémie de grippe. » Selon les témoignages ultérieurs de responsables du CDC, la décision est liée à la proximité de l’élection présidentielle.

En avril, le Sénat vote le programme « grippe du porc », doté de 135 millions de dollars. En octobre, 150 millions de doses de vaccin produites par le gouvernement fédéral sont disponibles, après des contrôles de qualité particulièrement méticuleux. Gerald Ford et sa famille se vaccinent en direct à la télévision. Pendant le dernier trimestre 1976, plus de 40 millions de personnes sont vaccinées.

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Deux grains de sable vont brutalement bloquer le programme :

– La pandémie attendue ne se produit pas. Le foyer est limité à Fort Dix. La grippe du porc reste une épizootie qui ne touche les humains que très occasionnellement.

– La forte médiatisation et la vaccinovigilance renforcée mise en place par le CDC provoquent une surdéclaration des cas de syndrome de Guillain Barré chez des personnes vaccinées (on saura plus tard que le vaccin n’y était pour rien).

Le 16 décembre 1976, à la demande du CDC, le secrétaire d’Etat à la Santé annonce la suspension du programme « grippe du porc ».

A noter : lors de l’élection présidentielle du printemps 1976, Gerald Ford a été battu par le candidat démocrate, Jimmy Carter.

L’affaire de la « grippe du porc » est aujourd’hui considérée comme un cas d’école démontrant l’influence néfaste de la médiatisation à but électoral sur les décisions sanitaires et sur les scores électoraux.

Sources : globalsecurity.org.