Économie officinale : Hélène Roy, la pharmacienne qui tente de sauver l’avenir de la pharmacie avec des mots
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Économie officinale : Hélène Roy, la pharmacienne qui tente de sauver l’avenir de la pharmacie avec des mots

Publié le 18 avril 2024
Par Christelle Pangrazzi
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Trois jours après avoir exprimé sa colère et sa tristesse face aux difficultés rencontrées par les pharmaciens dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, Hélène Roy, titulaire à Dijon (Côte d’Or), explique pourquoi il lui a semblé nécessaire de lancer ce SOS maintenant.

Votre tribune a été lue par l’ensemble de la profession. Pourquoi la produire maintenant, quelle est l’urgence ?

H.R. Nous avons en ce moment des négociations conventionnelles de l’avenant économique avec l’Assurance maladie. Ces dernières ne se passent pas forcément très bien. La profession mène des actions, mais elles sont invisibles aux yeux du grand public. Par exemple, lorsque nous faisons des grèves des gardes nous sommes néanmoins réquisitionnés. Nos pétitions pour alerter sur les possibles fermetures de pharmacies circulent mais, dans l’indifférence générale, des pharmacies disparaissent.. Le combat concerne l’avenir de notre profession mais au-delà, du système de soin et de la santé. Je voulais alerter le grand public.

Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles ont à faire face les pharmaciens ?

H.R. La financiarisation et l’attaque du monopole comme la possible vente de médicaments sur internet m’inquiètent beaucoup. Ce serait une dérégulation générale du marché dont pâtiraient à terme les patients. Il y a aussi une absence de réflexion sur l’aménagement du territoire. D’ici quelques années, nous risquons de nous retrouver avec des zones rurales sans aucun service, sans accès aux soins et donc sans pharmacie. De plus une pharmacie permet à d’autres commerces de tenir autour d’elle. Par manque de revenus, beaucoup trop de pharmacies sont laissées au bord du chemin. Enfin, nous aurions tous intérêt à avoir une réflexion collective autour du prix du médicament : certains médicaments valent très chers, d’autres plus rien. On est en pénurie d’antibiotiques mais les laboratoires n’ont plus d’intérêt à les produire puisqu’ils ont un prix dérisoire.

Les pharmaciens préparent une mobilisation le 30 mai prochain. Qu’en pensez-vous ?

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H.R. C’est une excellente idée qui permettra sans doute de faire entendre notre voix et à défaut de faire comprendre au grand public les difficultés auxquelles les pharmaciens se heurtent quotidiennement. Cette mobilisation sera très suivie, c’est une certitude.