Economie officinale : ce que veulent les syndicats de titulaires

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Economie officinale : ce que veulent les syndicats de titulaires

Publié le 15 décembre 2023
Par Magali Clausener et Yves Rivoal
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Dans sa lettre de cadrage adressée aux syndicats de pharmaciens, le ministre de la Santé explique ce qu’il souhaite pour l’avenir de l’officine. Mais les syndicats, que veulent-ils ? Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), et Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), se sont chacun exprimé sur le sujet ce 15 décembre 2023.

« La première satisfaction, c’est de voir que la mobilisation de tous, à travers les interpellations auprès des élus locaux, des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) et des patients, a payé car il a fallu faire un bout de chemin avant que l’on obtienne cette lettre, même si nous n’en avions a priori pas besoin car ce nouveau round de négociations était inscrit dans la convention de 2022 », a réagi Philippe Besset lors du point hebdomadaire avec ses adhérents. Un constat partagé avec Pierre-Olivier Variot lors de son point presse. « La mobilisation auprès des élus et des commissions paritaires locales où des textes communs aux deux syndicats étaient lus en préambule ont terriblement énervé le directeur général de l’Assurance maladie », a ainsi relevé le président de l’USPO.

Les pharmaciens écoutés ?

Sur la lettre de cadrage en elle-même, Philippe Besset a réaffirmé que « ce texte d’orientation est à la fois très riche et complet sur l’ensemble des sujets qui font notre métier d’aujourd’hui et de demain ». Quant à Pierre-Olivier Variot, il n’a pas hésité à déclarer qu’après plusieurs lectures de la lettre, son opinion avait évolué : « Le ministre nous a écoutés. Il y a trois semaines, je lui avais parlé de la dispensation adaptée, le bon usage du médicament, une décorrélation plus grande entre les prix et les volumes, et ces sujets figurent dans la lettre ». Même satisfaction du président de la FSPF : « Tous les points que la FSPF porte (les biosimilaires, la valorisation de nos actes sur la prise en charge des infections, le renouvellement des ordonnances des patients chroniques, la revalorisation des honoraires de dispensation ou la prise en charge des officines en difficulté en milieu rural ou dans les quartiers difficiles), sont inscrits dans la lettre de cadrage. Le ministre nous a même fait la surprise d’y ajouter la lutte contre le tabagisme. Or cela fait des années que l’on se bagarre pour intégrer à notre périmètre cette mission qui doit déboucher évidemment sur la prescription des dispositifs de sevrage à l’officine sinon, cela n’aurait pas de sens ». Pour Pierre-Olivier Variot, « la lettre de cadrage est très ouverte, on a une route ouverte, à nous de la tracer ».

Revaloriser les honoraires de dispensation

Les deux présidents s’attendent cependant à des négociations serrées. « Mardi, lors de la première séance (Le premier round des négociations a lieu mardi 19 décembre à 10 heures NdlR), nous fixerons le calendrier des réunions et des groupes de travail par thème, a annoncé Philipe Besset. Si, sur un chantier comme le tramadol, le dispositif est quasiment finalisé, sur des sujets comme le tabac, les biosimilaires ou l’analyse prospective des fragilités du réseau, nous n’avons encore rien fait. Il va aussi falloir que l’on s’entende sur le volet économique. Je pense donc que la négociation devrait durer quelques mois, avec une signature qui pourrait intervenir en mars, ou pas… » Justement, côté économique, Pierre-Olivier Variot a rappelé ce que voulaient les deux syndicats : une revalorisation des honoraires de dispensation, diminuer le poids des honoraires liés aux volumes, c’est-à-dire les honoraires à la boîte, et des nouvelles missions « qui vont venir compléter le panel de ce que peuvent faire les pharmaciens ». « Mais il ne faut pas baisser les honoraires à la boîte qui représentent 48 % de la rémunération. C’est en augmentant les autres honoraires de dispensation que le poids des honoraires à la boîte va diminuer », s’empresse d’expliquer le patron de syndicat. Surtout, il met en avant une « ligne rouge » : « il ne faut pas toucher à la marge dégressive lissée sur les médicaments chers », a-t-il prévenu.

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